Synthèse du rapport publié par la CIASE.
300 000 mineurs abusés sexuellement par des clercs, des religieux et religieuses et des laïcs agissant pour le compte de l’Église. 300 000, cela fait presque 4 286 enfants par an et environ 11 par jour, et ce pendant 70 ans. C’est vertigineux, bouleversant, écœurant, révoltant. C’est la preuve d’un phénomène systémique au sein d’une institution millénaire. « L’Église catholique est, hormis les cercles familiaux et amicaux, le milieu où la prévalence des violences sexuelles est la plus élevée. Face à ce fléau, l’Église catholique a très longtemps entendu d’abord se protéger en tant qu’institution et elle a manifesté une indifférence complète et même cruelle à l’égard des personnes ayant subi des agressions. » (p. 4)
Face à ce chiffre et sur la base des témoignages de victimes, les membres de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église formulent 45 recommandations. Parmi elles, il est question de justice restaurative, d’établissement de la vérité quelle que soit l’ancienneté des faits, d’indemnisation des victimes sur des fonds constitués du patrimoine des agresseurs, de directives claires sur le secret de la confession ou encore de remise à niveau du droit canonique.
Pourquoi ai-je lu ce document ? Parce que je me sais et me sens appartenir à l’Église catholique. Ce faisant, je la veux vivante et forte. Elle ne peut l’être que si elle fait face à ses erreurs et à ses manquements, si elle s’engage dans la réparation du tort fait aux innombrables victimes et si elle met tout en œuvre pour protéger tous ses membres de nouveaux abus.
Je vous laisse avec quelques extraits, mais je vous encourage vraiment à lire ce rapport ou sa synthèse.
« Alors s’impose la notion de phénomène systémique. Non que les violences aient été organisées ou admises par l’institution (ce qui s’est cependant produit dans certaines communautés ou institutions très peu nombreuses), mais l’institution ecclésiale n’a clairement pas su prévenir ces violences, ni simplement les voir, et moins encore les traiter avec la détermination et la justesse requises. » (p. 17)
« C’est pourquoi la commission insiste sur la nécessité d’une démarche de vérité et de réparation de la part de l’Église. Celle-ci doit commencer par une reconnaissance, jusqu’ici évitée, à la notable exception de la récente démarche entamée par la CORREF, ou de celle, individuelle, de l’évêque de Luçon. » (p. 19)
« Il ne s’agit pas seulement ici de péchés à confesser, mais de fautes à réparer, sans euphémisation, sans « on ne savait pas », sans excuses tirées du contexte social ou institutionnel. Le préalable que constitue un tel abaissement non feint est indispensable à la crédibilité des mécanismes de restauration des victimes proposées par la commission, qui se veulent ajustés à la situation particulière des agressions sexuelles commises au sein de l’Église catholique. » (p. 20)
« Un délit implique toujours, en même temps, un péché, mais tout péché ne constitue pas un délit. » (p. 29)
« Enseigner que la profanation d’un sacrement ne peut faire oublier la profanation première, celle des personnes. » (p. 30)