Roman de Tatiana Salem Levy. À paraître le 15 septembre 2022.
Attention : ce livre et ce résumé parle de Vi0l.
Julia est architecte dans le cabinet retenu pour construire le village olympique de Rio de Janeiro. Souvent, pour relâcher la pression, elle part courir à Alto da Boa Vista Chinesa, une enclave de la forêt tropicale au milieu de la ville. Un jour, alors qu’elle effectue son jogging sur son parcours habituel, un homme braque une arme sur sa tête, l’entraîne dans la forêt et la viole. Commence alors le long chemin de reconstruction de Julia, entre dégoût, culpabilité et colère, face à une police quasi impuissante et une famille qui ne sait comment agir. « Six mois s’étaient écoulés et le mal-être persistait. Le temps n’amenuisait pas la douleur, omniprésente au réveil, quand la lumière s’insinuait entre les persiennes et que le chant des oiseaux virevoltait dans la ramure des arbres. » (p. 63)
Sous forme de flash, l’indicible prend forme avec des mots crus, parce que la poésie n’est pas de mise face à cette horreur. Pour autant, le texte déborde d’une qualité littéraire indéniable. Nous sommes dans la tête de Julia, au cœur de sa douleur et de sa sidération. Aucune femme ne peut manquer de comprendre ce qui dévore la protagoniste. Et là où le texte prend toute sa puissance, c’est quand on sait que l’autrice a en réalité raconté la traumatique expérience d’une amie. Voilà un livre nécessaire, indispensable, fondamental pour parler du viol. La lecture peut être rude, mais elle est salutaire.