Quatrième de couverture – Thomas a disparu. Après une longue période de deux ans, faite de colère et d’espoirs, son épouse, Claire, viticultrice et mère de deux enfants, se décide à signaler sa disparition à la gendarmerie. Avec deux de ses amies, elles ont entretemps fait un choix de vie nouveau et rejoignent une communauté proche de la nature, à la montagne. Car depuis le Jour de l’Oural, le monde a encore décliné et le dérèglement climatique a laissé place à un pays exsangue. Alors si la disparition de Thomas, leur dit-on, est sans doute liée au meurtre d’une femme, qu’il soit oublié et que la vie se poursuive, affranchie des contraintes du mariage, du couple et des humiliations de la société. Une alternative est possible pour Claire, Joan et Hélène, et elles décident de la construire ensemble.
Quand une quatrième de couverture est parfaite, il faut le souligner et lui rendre justice !
Au fil des dépositions respectives de Claire, Hélène et Joan, le portrait du disparu se dessine, ainsi que le passé des protagonistes. « Son départ, concret, rendait Thomas incroyablement présent, indispensable. C’est comme si d’un coup, par son absence, il apparaissait. » (p. 15) On assiste au lent mécanisme d’une fin du monde, intime et planétaire, mais aussi à la tentative de construire un autre paradigme, débarrassé du superflu et de l’attente. Les femmes se sont constituées en Commune, quelque part dans les montagnes. La vie est rude, laborieuse, mais bien plus simple, bien plus saine. « Quand les gens partent, ils vous entraînent avec eux dans leur folie. C’est ça le plus égoïste. » (p. 63) Mais à mesure des récits et des échanges avec la police, des faits nouveaux apparaissent. Le départ de Thomas n’est peut-être pas un simple abandon de domicile et de famille. « Et soudain, je vois l’histoire, je recompose les manques. Je réalise que les indices étaient nombreux, qu’ils étaient seulement dans le désordre. » (p. 225)
J’ai aimé suivre ces trois femmes, surtout Claire qui refuse d’être simplement l’épouse qu’on a laissée. Elle est bien plus que cela. Thomas a fait son choix : après deux ans d’attente inutile, elle ne lui doit plus rien. « Excusez-moi, mais je refuse d’endosser la responsabilité de son départ. C’est trop facile. » (p. 117) Le contexte cataclysmique mondial est suffisamment évoqué pour ne pas prendre le dessus sur l’histoire. Le vrai drame est là, dans la nature qui se tord de souffrance, et non dans l’abandon lâche de l’époux. Le sens du titre, que l’on comprend au cœur du roman, est d’une belle symbolique.