En 1967, les quatre musiciens du groupe de rock Pearl Harbor sont retrouvés morts à quelques jours d’intervalle dans des circonstances pour le moins troublantes. Très vite, il semble que les accidents sont en fait des meurtres. Michael Stern, journaliste à Dublin, s’empare de l’affaire et tente de lever le voile sur ces morts inexpliquées.
En 2010, à Bruxelles, un inconnu est percuté par une voiture et sombre dans le coma. Quand il se réveille, il ne peut plus parler. Qui est-il ? Qu’a-t-il vu ? De quoi a-t-il peur ? Quel est son lien avec le groupe Pearl Harbor ? Ses pensées nous parviennent et ne laissent pas d’inquiéter. « À présent, il faut que je me prépare, que je remonte le cours des évènements. J’expliquerai à Dieu le pourquoi de ces morts. Il comprendra que c’est le destin qui m’a envoyé dans cette cave à Berlin en cette nuit d’apocalypse. » (p. 22) Toute son histoire, sa véritable histoire, a commencé avec Chuck Berry : dès lors, le gamin qu’il était n’a plus vécu que pour le rock. « Je rêvais d’être le batteur de rock le plus doué, le plus ingénieux et le plus brillant de la planète. » (p. 54) Et l’on assiste progressivement à la plongée totale et irrémédiable de cet homme dans un monde à la marge. « Nous passions notre temps à faire du rock, à parler de rock, à boire, à fumer, à avaler des centaines de pilules. C’était futile et destructeur. Avec le recul, je garde pourtant de cette période la sensation que j’étais devenu moi-même. » (p. 196)
Reste à comprendre le lien de cet homme avec les membres du groupe Pearl Harbor et son implication dans leur mort. Quand on découvre ce qu’est un back up dans le jargon musical, on comprend alors que certains concours de circonstances sont des pièges qui ne demandent qu’à se refermer sur des victimes anonymes. Mais plus le roman progresse, plus l’inconnu se livre et plus l’on se demande si la théorie du complot qu’il développe n’est pas plutôt une folie paranoïaque exacerbée par les drogues.
Back up est construit sur un jeu de narrations diverses. D’une part, il y a le récit de l’enquête autour de la mort des quatre musiciens. D’autre part, il y a le récit qui présente X-midi, l’inconnu accidenté, et son évolution médicale. Enfin, il y a les pensées de X-midi qui replongent le lecteur dans les années 1960 où l’alcool et les drogues flirtaient avec le rock. Si le style de Paul Colize m’a parfois déstabilisée par son mélange de phrases journalistiques et de développements très travaillés, j’ai réussi à passer outre ma première mauvaise impression et je me suis laissée prendre avec grand plaisir à ce polar noir et rock’n roll.