Tome 1 : Le dernier homme
Roman de Margaret Atwood.
Toby et Ren ont grandi dans les plèbezones, loin des compounds hyper sécurisés et modernisés. Elles ont survécu au grand déluge venu du ciel. Chacune de leur côté, elles tentent de survivre dans un monde hostile et déserté. Ou presque déserté. Il y a des rencontres bien mauvaises à faire. « Mon quotidien ne saurait être qualifié de vie. Disons que je suis dormante, comme une bactérie dans un glacier. Que je fais mon temps. Voilà tout. » (p. 106) Dans la solitude qui les entoure, elles se souviennent de la vie avant le déluge. Toby avait rejoint la secte des Jardiniers qui prônait un retour à la nature et un respect de toutes les créatures, selon un dogme qui reprenait beaucoup au christianisme, mais en y intégrant un profond besoin de véracité. « Devons-nous considérer comme scientifiquement fondé le récit selon lequel le monde a été créé en six jour, en faisant fi de toutes les données observables ? Dieu ne peut être confiné à l’étroitesse des interprétations littérales et matérialistes, pas plus que sa mesure n’est une mesure humaine, car Ses jours sont des éons et ce qui nous apparaît comme un millier d’ères ne dure pour Lui qu’une soirée. Contrairement à d’autres religions, nous n’avons jamais cru qu’il nous incombait de mentir aux enfants en matière de géologie. » (p. 15) Quant à Ren, elle a été entraînée par sa mère hors d’un compound pour vivre parmi les Jardiniers, avant d’être ramenée de force dans la société dite civilisée. Totalement déboussolée, elle a fini dans un bordel de luxe qui tenait plus du zoo que du lupanar.
Ce volume est conçu comme Le dernier homme : on passe de la description du quotidien, entre survie, espoir et abattement, à la réminiscence du passé. Ce deuxième tome reboucle avec le premier et l’on retrouve Jimmy et Glen, ainsi que toutes les bestioles étranges créées par les hommes : rasconses et autres lapins verts abondent. Mon principal reproche à ce roman est le rythme : à la fin du tome précédent, on savait que Jimmy/Snowman n’était finalement pas le dernier homme, mais dans ce volume, il faut attendre bien longtemps pour que les deux histoires se rejoignent pour de bon dans le présent, et pas uniquement dans le passé.
J’ai cependant beaucoup apprécié la nouvelle Genèse proposée par la secte des Jardiniers qui invente un nouvel Éden en toiture, dans une logique antispéciste et éclairée. « Je m’appelle Adam Premier. Naguère, j’étais moi aussi un carnivore athée et matérialiste. Comme vous, je croyais que l’homme était la mesure de toute chose. » (p. 49) Le récit développe de nouvelles amours malheureuses qui finiront peut-être bien dans le troisième tome qui, comme son titre l’indique, laissera la place belle à Maddaddam, un personnage que j’ai hâte de découvrir plus précisément. « Notre rôle vis-à-vis des Créatures est de témoigner. […] Et de conserver le souvenir et le génome des disparus. On ne combat pas le sang par le sang. » (p. 276) En espérant que la composition de ce dernier volume sera différente.