Roman de Louis Chevaillier.
Quatrième de couverture – Le saviez-vous ? De 1912 à 1948, les Jeux olympiques comprenaient des épreuves d’art et de littérature. Inspiré par l’Antiquité, Pierre de Coubertin croyait essentiel d’associer écrivains et artistes à sa nouvelle religion du sport. À l’olympiade parisienne de 1924, on recrute pour les lettres des jurés prestigieux : les diplomates Jean Giraudoux et Paul Claudel, le pirate décadent Gabriele d’Annunzio, le poète Paul Valéry, la romancière Edith Wharton, les prix Nobel Maurice Maeterlinck et Selma Lagerlöf… Parmi les concurrents, on remarque les jeunes Henry de Montherlant et Robert Graves. Raconter ce concours et ses médailles, c’est plonger dans l’histoire du sport durant les Années folles, quand il devient un objet politique en démocratie comme en dictature. C’est aussi réfléchir aux liens entre spectacle littéraire et spectacle sportif. Sueur, argent, célébrité, paniers de crabes, mais aussi camaraderie : ce livre s’attache à rendre un corps aux littérateurs. D’anecdotes en exploits, il propose une flânerie sur un terrain méconnu, à une époque où l’écriture passionnait les foules autant que les prouesses athlétiques.
« On savait qu’écrire demandait de la discipline… mais une discipline olympique ? Pourtant, entre l’aviron et le 400 mètres haies, la littérature a bel et bien eu ses épreuves aux Jeux olympiques de 1924. » (p. 4) Quand je m’en tiens au résumé, c’est rarement bon signe. J’ai lu ce livre jusqu’au bout, mais avec un malaise grandissant à mesure que j’identifiais une amertume certaine, voire une aigreur, dans les propos de l’auteur, à la sauce « c’était mieux avant ». Une phrase, surtout, a retenu mon attention : « Imagine-t-on Kylian Mbappé répondre ainsi à Antoine Griezmann dans le magazine Lire ? » (p. 141) J’y vois un mépris de classe assez violent. Autre reproche que j’adresse à ce texte, certes brillamment écrit, c’est la recension interminable des œuvres des membres du jury et des participants, dans une obsession systématique qui confine au catalogue. Certes, je retire de cet ouvrage mille idées de lecture, mais le sujet principal est insuffisamment traité à mes yeux. « Pour juger du niveau d’un sportif individuel, c’est généralement très simple. On fait confiance au chrono, à la hauteur sautée, au nombre de tirs dans la cible. En équitation, on peut rajouter des pénalités pour avoir raté un obstacle. Ou des notes en dressage individuel, mais en littérature, comment faire ? » (p. 119) Voilà ce qui m’intéressait, voilà la réflexion que j’aurais apprécié voir approfondie. « Il est difficile d’appliquer les statistiques à la littérature, alors qu’elles ont envahi le domaine sportif. » (p. 90)
En fin d’ouvrage, Louis Chevaillier propose la composition d’un jury pour une édition moderne des JO littéraires : les noms sont illustres et pertinents. Il n’est pas avare de détails quand il présente la genèse des Jeux olympiques modernes et il est sans aucun doute éminemment érudit. L’auteur connaît ses lettres et les palmarès, et il est probablement un adversaire redoutable au Trivial Pursuit. Son ouvrage ne m’est pas tombé des mains, mais il s’en est fallu de peu.
Livre lu dans le cadre du prix Sport Scriptum 2024.
C’est dommage, il y avait tant à faire sur ce sujet !