Roman de David Foenkinos.
Hector Balanchine, après une tentative de suicide ratée, se croit libéré de sa collectionnite. Après avoir entassé les piques pour apéritif, les timbres, les cuillères en porcelaine, après avoir fait passé ses six mois de convalescence pour un séjour aux États-Unis, il décide de reprendre son existence en main. Il rencontre Brigitte à la bibliothèque. Leur mariage est célébré en un rien de temps et un bonheur tranquille est au rendez-vous. Mais Hector, qui se croyait libéré de ses anciennes dépendances, se découvre une nouvelle addiction : il collectionne les moments où sa femme lave les vitres. Pour ne manquer aucune des prestations de son épouse, il installe une caméra dans l’appartement, qui va lui révéler bien plus que le talent ménager de Brigitte.
Ce petit roman, qui flirte sans se cacher avec la chick-litt, m’avait été recommandé par de nombreux lecteurs qui m’en avaient dit un bien que je n’ai pas trouvé… On m’avait parlé de sophistication, de psychologie. Je n’y ai rien trouvé de tel. Mais j’y ai trouvé bien d’autres plaisirs.
Tout d’abord le sarcasme et l’auto-dérision. Les personnages se savent médiocres et l’assument parfaitement. La soupe hebdomadaire chez Mireille et Bernard, aussi imbuvable soit-elle, est un rituel auquel il est impossible de ne pas sacrifier. Le poisson rouge nommé Orange Mécanique qui, en attendant, remplace les enfants, est un détail délicieux dans cet univers ridicule et étriqué. La passion et la connaissance du cyclisme, condition sine qua non pour entrer dans la belle famille, conduit à des situations burlesques.
Les collections passées d’Hector ne sont rien en regard de sa nouvelle obsession. Il veut dupliquer l’unique objet de son amour, accumuler les instants, enregistrer le même geste. L’érotisme peut certes trouver sa source dans des lieux bien différents selon les personnes, mais Hector pousse le vice à érotiser l’habitude, le machinal. Coup de génie ou coup de folie?
Hormis les trente premières pages que j’aurais supprimées sans vergogne, le récit se déroule rapidement et avec aisance. Je n’ai pas éclaté de rire, mais j’ai gardé tout au long de ma lecture un sourire narquois sur les lèvres, un genre de « nierk nierk nierk », comme quand on regarde un programme de télé-réalité en sachant que c’est nazissime, mais sans arriver à décrocher, parce que c’est toujours sympathique d’être en face d’un peu de niaiserie. Ça réconforte. Ce n’est pas la lecture de l’année, mais elle a agréablement occupé quelques heures d’oisiveté.