Essai de Jean-Pierre Warnier.
L’auteur présente et démonte avec précision l’illusion d’une culture mondiale, faisant valoir que les environnements, les histoires et les expériences seront toujours plus fort que la production industrialisée de biens culturels. Si l’exportation des biens culturels est globalisée, leur réception est localisée. Le bien culturel en lui-même, selon le milieu où il est reçu, est réinventé pour être intégré à une culture particulière. La mondialisation de la culture est un danger inexistant, en revanche il faut craindre l’émiettement des cultures et leur perte de vecteurs. Si certaines cultures vernaculaires tendent à disparaître, d’autres sont tirées de l’oubli et remises au goût du jour par des passionnés. Entre culture-patrimoine et culture-création, l’offre est extrêmement diverse, et si les grands n’en présente qu’une partie, il en existe des centaines d’autres bien vivantes. L’américanisation du monde n’est pas encore à craindre, méfions-nous plutôt des puissances de l’Océan Indien…
Cet essai est court, mais qu’il est dense ! 116 pages d’histoire culturelle, humaine et politique bien tassées. Heureusement, le propos est clairement structuré et des inserts bienvenus renforcent la théorie par l’exemple. Loin d’être une lecture-plaisir, cet ouvrage offre cependant de nombreuses pistes de réflexion à méditer et à poursuivre.