Recueil de nouvelles d’Alona Kimhi.
Films – Une jeune scénariste et réalisatrice traverse une période professionnelle morose. Rien ne la motive et la dépression n’est pas loin. « J’avais une espèce de lucidité dont je ne savais que faire, d’ailleurs je ne voulais rien en faire. » (p. 14) Pour ne rien arranger, son couple est entré dans une période tout aussi triste. Entre la jeune femme et son époux Shahar, la sexualité est en berne. Malgré tout, elle s’accroche à son couple : « Je savais seulement que la simple idée de le quitter était la pire chose qui puisse m’arriver et je préférais que toute ma vie ressemble à un long samedi. » (p. 19) Avec son amie Nata, elle écume les boutiques de la ville, mais rien ne comble le vide qui, subitement, va se faire plus profond.
Éclipse de Lune – Anastasia est une petite fille très sensible. En Russie, elle a grandi auprès d’une grand-mère très attentionnée. Après le décès de son papa, sa mère s’est remariée avec Yaacov et la nouvelle famille s’est installée en Israël et se plie aux exigences sionistes du nouvel homme de la maison. Anastasia n’aime pas beaucoup son effrayant beau-père, mais elle pressent qu’elle a le devoir de tout faire pour qu’il ne quitte pas sa maman. Alors, elle endure la maniaquerie, le dégoût et les colères de cet homme malsain. L’éclipse de lune, un soir, est un évènement qui changera peut-être sa vie. Ou pas.
Journal de Berlin – Dans le « dispensaire de soins de la dépression » (p. 126), Gali se révolte et lutte contre un traitement qu’elle juge inutile. « La dépression ? Qui est déprimé ? Je ne suis pas déprimée, je suis à Berlin. » (p. 135) Mais Gali n’est pas à Berlin, elle est en Israël. Des pages d’un journal, écrit dans la capitale allemande, révèle une personnalité fragile et troublée. Gali était une jeune artiste que son frère Alon et son époux Jay n’ont pu sauver des démons de la folie. À moins que le désamour soit la cause de tous ses malheurs : « Quand un homme cesse de vous aimer, ses yeux se couvrent d’une couche opaque de poussière. » (p. 189) Une rémission s’annonce, mais Gali, désormais, a peur de l’extérieur.
Poèmes pour un cauchemar, ou le sevrage inaccompli de Mor Elkabetz – Mor Elkabetz est une photographe de mode à succès. Mais tout n’est que ruines et combats en elle. Boulimique et dégoûtée de l’être, mais incapable d’accepter son corps tel qu’il est, elle tente en vain de se sevrer de cette pratique. « Quel bonheur ! Je mange, donc je suis. » (p. 239) Lourde d’ironie, cette phrase préfigure toutes les réflexions qu’elle mène sur sa sexualité, sa féminité et son identité. Finalement, son récit prend les accents d’un confiteor morbide.
Ces quatre nouvelles présentent quatre femmes qui se livrent dans des monologues à bâtons rompus. Chacune souffre d’un mal différent, dans son corps et dans son âme. Chacune achève son récit sur l’imminence d’un changement ou d’un bouleversement.
Ce recueil qui avait tout pour me séduire m’a vaguement ennuyée. Je n’ai pas été touchée par ces femmes. Chacune lutte et souffre à sa manière, et leurs histoires ont des accents qui me sont familiers. Mais sans cesse, j’ai eu l’impression qu’il me manquait une clé pour comprendre le récit. J’avais beaucoup apprécié le second roman de l’auteure, Lily la tigresse, et je suis un brin dépitée de n’avoir pas autant aimé ce recueil.