Roman de Françoise Sagan.
On retrouve ici Josée, un des personnages de Dans un mois, dans un an. Josée a épousé Alan Ash sous le coup d’une illusion. « Je te prenais pour un Américain bien tranquille. Je te l’ai dit cent fois, et je te trouvais beau. » (p. 13) Mais Alan n’est pas tranquille : maladivement jaloux, il soupçonne Josée et veut tout connaître de son passé, de ses pensées et de ses envies. « Il ne voyait que par rapport à elle et dans un rapport si systématique de persécuteur qu’elle avait parfois envie d’en rire. » (p. 23) Lassée par cet amour et écœurée par l’Amérique, elle rentre seule à Paris. Mais Alan la suit, bien décidé à la garder. La reconquête est aisée, mais la même routine s’installe, débilitante et pourtant attendue.
Josée manque toujours du courage de partir et d’abandonner Alan à sa névrose. Elle se laisse faire, se complaît presque dans cette relation qui la rassure puisqu’elle n’en connaît plus d’autre et se soumet à l’asphyxie des sentiments. « Je t’userai, je m’userai, je ne te quitterai pas, nous n’aurons pas de répit. Deux êtres humains doivent pouvoir vivre cramponnés l’un à l’autre sans respirer. Ça s’appelle l’amour. » (p. 52) Alan et Josée tentent d’aspirer dans cette relation glauque de nouvelles forces vitales. L’ami Bernard et l’ami Séverin s’en défendent, mais la vieille Laura se laisse prendre dans le jeu cruel des époux Ash.
Ai-je tort de voir en Josée une figure de Sagan en épouse dépitée ? Je ne connais pas assez bien sa vie pour l’affirmer, mais les accents de l’ennui douloureux que Josée éprouve aux côtés d’Alan sont trop vibrants pour ne pas avoir été réels. Néanmoins, cette Josée m’a agacée : s’aliéner à l’homme qui la blesse est autant égoïste qu’illusoire. Qui peut croire qu’Alan songerait vraiment à se tuer si elle partait ? Il n’est pas de cette trempe. Il est certes faible, mais pas au point d’en mourir.
Si Dans un mois, dans un an m’avait laissée sur ma faim de sentiments plus nourris, Les merveilleux nuages n’a pas comblé le vide. J’ai lu sans déplaisir ce roman, mais avec un agacement latent. L’univers de Sagan est rapidement écœurant et les gens qu’elle dépeint sont de tristes sires sans panache. Il me reste à lire Des bleus à l’âme : advienne que pourra.