Recueil de contes d’Oscar Wilde.
Le fantôme de Canterville (Fantaisie hylo-idéaliste) – La famille Otis, américaine et républicaine, acquiert le manoir de Canterville réputé pour être hanté par un fantôme cruel. Le spectre ne tarde pas à se manifester, notamment en ravivant chaque nuit une odieuse tâche de sang sur le parquet de la salle à manger. Mais les effrayantes manifestations du fantôme n’inquiètent pas la famille Otis, et certainement pas les jumeaux qui élaborent des tours pendables pour le ridiculiser. « C’était de toute évidence des gens habitués à vivre sur un plan d’existence bas et matérialiste, et tout à fait incapables d’apprécier la valeur symbolique des phénomènes extra-sensoriels. » (p. 39) Seule la jeune et douce Virginia témoigne un peu de compassion au spectre dépité et humilié. Certes le fantôme a la dent dure, mais n’est-ce pas une malédiction plus qu’une vocation ? « Il faut que je secoue mes chaînes, et que je gémisse à travers les trous de serrures, et que j’erre pendant la nuit, […]. C’est là ma seule raison d’être. » (p. 47) D’où viendra le salut pour ce pitoyable spectre ?
Oscar Wilde met à mal les codes des histoires de fantôme : a-t-on jamais vu un spectre se prendre les pieds dans des ficelles et prendre peur d’un autre fantôme ? Mais le plus ridicule n’est pas le pauvre esprit frappeur. C’est plutôt le brave Mr. Otis, fort content de lui-même et de son esprit terre-à-terre : certes, il y a un fantôme, mais faut-il vraiment que ses chaînes grincent autant ? Hop, un peu d’huile et tout le monde dormira tranquille. Entre le rationalisme bonhomme de l’Amérique et le mysticisme de la vieille Europe, le choc des cultures est certain ! Et l’humour est au rendez-vous.
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Le crime de Lord Arthur Savile (Étude du devoir) – J’ai lu cette nouvelle pendant l’été.
Pour les curieux, voici mon billet.
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Le millionnaire modèle (Note admirative) – Hughie Erskine est dotée d’une belle figure, mais d’un esprit médiocre. Sans emploi et sans le sou, il lui est impossible d’épouser la jolie Laura. « À moins d’être riche, il est absolument inutile d’être un garçon charmant. Le romanesque est le privilège des nantis, et non la profession des chômeurs. Il vaut mieux avoir un revenu assuré qu’être séduisant. » (p. 127) Ce qu’il lui faudrait, c’est un fabuleux coup de chance. Et s’il le trouvait dans le geste désintéressé qu’il adresse à un mendiant ?
Dans ce texte très court – quelques pages – Oscar Wilde est féroce envers les jeunes gens romantiques. Compter fleurette demande des moyens, et une jolie frimousse n’est pas un gage de réussite, ni de profit. La fin, délicieusement positive, sonne comme celle des contes de fées traditionnels. Sauf qu’ici la bonne fée à une drôle de d’allure et une étrange façon d’occuper ses journées…
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Le sphinx sans secret (Eau-forte) – Lord Murchison se désespère d’amour. Qui est la belle Lady Alroy ? Quel mystère dissimule-t-elle ? Que fait-elle lors des sorties qu’elle s’entête à nier ? Forcer l’aveu sera fatal. C’est ainsi qu’il apparaît que « les femmes sont faites pour être aimées, et non pour être comprises. » (p. 138)
Un brin misogyne, cette nouvelle/conte ne m’a pas vraiment convaincue. La conclusion est cousue de fils blancs et je n’ai vu ici que la bêtise des hommes désireux de tout maîtriser. Pourquoi ignorer que l’amour se nourrit du mystère et que la vérité nue est tristement insipide ?
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Ce recueil de contes est très inégal. Ce ne sont certainement pas les textes que je retiendrai d’Oscar Wilde, mais ils m’ont offert un bon divertissement.