OLNI (Ouvrage Livresque Non Identifié) dirigé par Christophe Absi.
Voici un ouvrage étrange sans nom d’auteur. Normal, relisez le sous-titre : Le livre que vous allez écrire. Mais en fait d’écrire, on nous demande surtout de dessiner, coller, salir, trouer, épingler, gribouiller, triturer, jeter, déchirer, plier, agrafer, annoter, lancer, jouer, … Non, ce n’est pas avec ce livre que vous aurez le Goncourt !
Sous la forme d’un cahier d’exercice dont le papier rappelle les livres de coloriage de notre enfance, des instructions en noir et blanc, sous différentes polices et tailles, nous donnent des consignes plutôt loufoques. « Dormez une nuit avec le livre sous votre oreiller. » : pour ma part, c’est toujours un livre qui m’entraîne sur l’oreiller. « Asseyez-vous sur le livre pendant une heure. » : quand j’étais môme et minuscule, on m’a bien calé des bottins sous les fesses pour que j’atteigne la table familiale, alors pourquoi pas ? Mais nombreuses sont les consignes qui m’ont fait froncer les sourcils ! Pas sympa pour ma ride du lion ! Quand on me demande de barbouiller les pages avec du dentifrice ou de la sauce salsa, je tique un peu… Idem quand il s’agit de m’essuyer les godasses entre deux pages…
Alors, peut-on vraiment tout faire avec et d’un livre ? Je suis tentée de répondre « non », mais nous sommes prévenus dès le titre : ceci n’est pas un livre ! Faut-il donc désacraliser tout amas de papier relié et encartonné ? Faut-il concevoir l’objet papier comme un objet tout venant, à la fois serpillère, tableau d’écolier et serviette en papier ? Je me garde bien de vous donner la réponse. Que les audacieux s’emparent de l’ouvrage et qu’ils osent ce que mes yeux se défendent de voir ! Amoureux fétichistes du livre, passez votre chemin, vous risquez une attaque ! Clairement iconoclaste, ce « guide » décomplexifie le rapport au livre.
À qui l’offrir ? Peut-être à l’allergique à la lecture qui pourra fièrement exhiber un ouvrage qu’il n’aura pas eu à lire ? Ou peut-être au petit voisin qui en fera sans aucun doute un meilleur usage que moi puisqu’il n’aura pas peur de faire enfin ce que ses parents lui défendent tout le temps ! Pour ma part, je vais le planquer : je ne peux décidément pas me résoudre à faire ce que cet ouvrage me demande. Non non, n’insistez pas !