Le directeur d’une grande banque lyonnaise est retrouvé assassiné dans son bureau. La signature du tueur est particulière : un triangle de balles au niveau du plexus. Le commissaire Garon, responsable d’un service policier qui gère les affaires sensibles, en est persuadé : la victime a été exécutée. Reste à trouver le commanditaire et le mobile. Flanqué de ses adjoints, Dancour et Arnand, Garon fouille dans le passé du mort et ouvre des portes qui libèrent des relents nauséabonds. Mais l’enquête progresse trop lentement au goût du bouillant commissaire. « Pour l’instant, l’affaire lui semblait se résumer ainsi : un tueur chevronné, après s’être introduit dans une banque, en abat avec une grande précision le directeur général qu’il savait trouver à son bureau ce jour-là, en sort facilement sans doute grâce à un plan que lui a donné un complice, ledit directeur général ayant, soit une double vie, soit quelque chose à dissimuler. » (p. 57)
Et voilà que tout s’accélère. Garon identifie une potentielle complice et la suit jusqu’à Hong-Kong, puis Macao. Mais les eaux sont troubles dans ces villes asiatiques et Garon trouve des adversaires retors et dangereux. Toutefois, bien décidé à identifier les trafics clandestins qu’il a découverts, Garon poursuit son enquête. Finalement, justice se fera, même si son visage n’est pas celui des tribunaux.
En commençant ma lecture, j’ai craint de rencontrer un énième personnage de flic désabusé et marginal. Garon fait montre d’une impatience et d’une insolence qui auraient pu faire de lui une caricature du genre policier. Heureusement, il n’en fut rien. Il incarne une incorrection bonhomme finalement sympathique : de fait, Garon est une gueule et son comportement colle à son portrait. « Garon se fichait pas mal de la loi. Il l’appliquait et la faisait respecter scrupuleusement, mais il s’en fichait. Par contre, il aimait l’ordre, et il serait encore plus exact de dire qu’il détestait le désordre. […] Il détestait encore plus ce qui pouvait miner l’autorité de l’État : celle-ci était indispensable à son confort intellectuel. » (p. 13) Détail qui me l’a rendu attachant, Garon aime sa ville. Quand il parle de Lyon ou qu’il s’y promène, on sent l’homme chez lui : suffisamment à l’aise pour la connaître vraiment, il la respecte et l’honore dès qu’il peut. Derrière Garon, il faut évidemment voir Saint-Luc qui distille à bon escient des informations sur l’ancienne capitale des Gaules.
Ce premier roman démonte quelques rouages policiers, judiciaires et politiques. La conclusion est en demi-teinte : les puissants sont rarement tout blancs et les intérêts de quelques illustres particuliers sont bien trop souvent privilégiés au bien commun. Mais on s’en doutait déjà. Hormis une petite tendance agaçante au name dropping qui n’est pas propre à cet auteur, ce premier roman est de bonne facture. L’intrigue policière est bien menée. En dépit de quelques lourdeurs de style, l’écriture est prometteuse. Pour une fois qu’un roman policier me plaît, c’est à marquer d’une pierre blanche !