Bande dessinée de Bill Watterson.
Le petit Calvin et sa peluche tigre, Hobbes, n’ont pas fini de nous faire rire. Calvin est toujours ce petit garçon qui se pose de grandes questions sur la vie et le monde. Habité par une mégalomanie qui dissimule plutôt mal une fragilité d’enfant très touchante, Calvin fait montre d’une certaine anxiété juvénile. Mais attention, ses questions existentielles ne sont pas déprimantes ! Par exemple, il se demande comment prouver au Père Noël qu’il a été un gentil garçon tout en continuant à embêter sa voisine, la petite Susie. La lutte entre le bien et le mal l’intéresse surtout pour ce qu’elle lui permet de s’adonner aux pires vacheries sous couvert d’innocence infantile. « Tu es la seule personne que je connaisse dont même le bon fond est tenté par le mal. » (p. 58)
Le gamin est doté d’une imagination débordante qui, outre lui faire imaginer que sa peluche est animée, lui fait voir des bonhommes de neige maléfiques dans le jardin. Sinon il se rêve aussi en Spiff le spationaute ou en Hyperman, redresseur de torts. Mais surtout, il veut convaincre ses parents de ses délires ! Malheureusement pour lui, ces deux-là sont rodés : leur fils est bizarre et tous les bouquins de psychologie infantile ne pourront rien y faire.
Calvin fait montre d’une rafraichissante insubordination face à ses parents ou à sa maîtresse : le filou cherche tous les moyens d’éviter l’école et les corvées pour jouer dans la neige ou rester planqué dans sa chambre. « Dis donc, ta maman est super gentille quand tu l’aides. / Oui, voilà pourquoi je ne l’aide pas d’habitude. J’aime que maman soit impressionnée quand je remplis la moindre de mes obligations. » (p. 7) Petit insolent à la répartie affutée, il reste toutefois un gamin soumis à l’autorité parentale. Comme un nouveau Calimero, toute sa vie semble trop injuste.
Enfin, il excelle dans son rôle de misogyne des cours de récré. « Je suppose que moi aussi je serais agressif avec deux chromosomes X ! » (p. 35) Bien trop fier pour avouer que la petite Susie lui plaît, il tente souvent de lui jouer des tours pendables qui se retournent parfois contre lui. « Le ministère de la santé devrait avertir du danger de jouer avec les filles. » (p. 3)
Entre Calvin et Hobbes, c’est l’amour vache. « Il est jaloux parce que j’accomplis tellement plus de choses que lui. » (p. 35) Même si le gamin est inséparable de sa peluche, il sait aussi la faire tourner en bourrique, mais le matou de tissu ne se laisse pas faire. Et même Susie le constate : « Je ne sais pas ce qui est le plus bizarre : que tu te battes contre une peluche, ou que tu aies l’air de perdre. » (p. 8) Le jeu préféré d’Hobbes ? Bondir sur Calvin et lui faire des frayeurs monumentales. Bizarrement, ça marche à tous les coups ! « Le plaisir de la chasse est très diminué quand la proie a de petites jambes. / Oh, j’en suis vraiment désolé ! » (p. 49)
Désopilant et franchement hilarant, cet album fait la part belle aux bons mots et aux réflexions savoureuses. Qu’on se le dise, Calvin est une terreur dans le bac à sable de la philosophie ! Un vrai régal d’humour et de finesse.