Premier roman de Maxence Fermine.
Yuko ne sera pas soldat. Il ne sera pas non plus prêtre. Au grand dam de son père, Yuko décide d’être poète. Il n’écrira que des haïkus. « Il décida de n’écrire que pour célébrer la beauté de la neige. » (p. 19) Remarqué par le poète officiel de l’empereur, Yuko demande sept ans pour se perfectionner avant de rejoindre la cour. Il part suivre l’enseignement du vieux maître Soseki pour apprendre l’art des couleurs. Le poète est un ancien samouraï, mais il est surtout musicien, calligraphe, danseur et peintre. Et aveugle. Entre l’élève et le maître, il y a une femme blonde qui marchait dans les airs et l’obsession de la blancheur. « La neige est un poème. » (p. 13)
Le roman de Maxence Fermine est court, presque lapidaire. Mais il aurait été de très mauvais goût d’écrire un pavé pour parler de haïkus et de neige. L’auteur mêle poèmes de neige et légende japonaise avec beaucoup de finesse et de légèreté. « C’est cela, un haïku. Quelque chose de limpide. De spontané. De familier. Et d’une subtile ou prosaïque beauté. » (p. 30) Mais cette légèreté tourne finalement à l’évanescence, voire à l’inconsistance. La poésie est superbe, ciselée, aérienne. Mais finalement, tout cela manque de corps, c’est trop impalpable. Je ne sais pas ce que je retiendrai de cette lecture. Peut-être un des haïkus liminaires, cités comme des hommages aux maîtres du genre : « La peau des femmes / La peau qu’elles cachent / Qu’elle est chaude ! » (p. 30 – haïku de Sutejo) Maxence Fermine célèbre la neige et il le fait avec talent. Mais il y a toujours un rayon de soleil pour faire disparaître la froide mollesse des flocons de l’hiver. En sera-t-il ainsi du souvenir de cette lecture ? À moins qu’il ne faille justement conserver qu’une impression, toute fugace, comme le donnent les meilleurs haïkus.
Cette lecture est en fait une relecture. Si j’ai laissé de côté mon premier souvenir qui était assez négatif, je ne peux pas dire que je suis follement emballée à la deuxième lecture. Certes, tout est très beau, mais il y a un je-ne-sais-quoi d’ennui qui tient pour beaucoup au rythme dodelinant de la narration. La plume de Maxence Fermine manque de vigueur à mon goût.