Alors que le ministre Alexandre-Benoît Bérurier assiste à une conférence d’Interpol à Amsterdam, sa chère et tendre, l’énorme et insatiable Berthe, visite le quartier des prostituées. Aguichée par un bel homme, elle monte dans un appartement et participe à une partie fine. Laquelle a été dûment immortalisée sur pellicule et expédiée à son époux avec un message d’enlèvement. Le ministre fait alors appel à son camarade de toujours, le commissaire San-Antonio. Une fois l’épouse retrouvée, il faut encore comprendre le pourquoi du comment et assurer la tranquillité de quelques gros bonnets qui veulent la paix sans vouloir nous la foutre.
Ah, Amsterdam ! Ses canaux, ses vélos, sa diplomatie. Ses putes. Pour faire bonne mesure, les méthodes de San-Antonio et de Bérurier sont à l’extrême limite du légal et du politiquement correct. Pas question de laisser une occasion de faire du grabuge ou de courir la gueuse. San-Antonio, le narrateur, est un séducteur porté sur la chose, sans complexe aucun. « On est salingues, les vrais mâles. Cupides atrocement concernant les miches des dames. On les voit et les convoite aussitôt, le leur exprime muettement au mieux de nos regards faisandés. » (p. 105) Mais San-Antonio, c’est surtout une attitude, un flegme très français, une décontraction canaille. « Marrant, non ? À Amsterdam, plongé dans le chaudron d’huile bouillante d’une dangereuse affaire, je siffle Rose de Picardie. » (p. 151) L’Angleterre a Sherlock Holmes, la France a San-Antonio. Chacun ses méthodes, chacun son style. Celui du dernier est parfois so shoking !
C’est mon premier San-Antonio. Ce sera sans aucun doute le dernier. Non pas que j’ai été déçue : j’ai trouvé exactement ce que j’attendais, voire plus : du salace, du vulgaire et du trivial en veux-tu, en voilà ! Si vous aimez les jeux de mots, les inventions langagières, les extravagances linguistiques et la langue verte, vous trouverez ici godasse à votre panard. OK, il n’y a pas que de la fesse et du bourre-pif, il y a aussi un humour certain et une faconde goguenarde qui n’épargne pas la politique. Mais voilà, il me semble évident que je ne suis pas le public visé par ce roman et tous ceux qui constituent les aventures du célèbre commissaire. Quant à savoir pourquoi j’ai lu ce livre, c’est tout bête : pour son titre. Mais pas un lapin en vue dans tout le bouquin.