Le jour de ses 100 ans, Allan Karlsson décide de ne pas assister à la fête d’anniversaire organisée par la maison de retraite. Chaussé de ses pantoufles, il enjambe la fenêtre de sa chambre et prend la tangente. « Quand la vie joue les prolongations, il faut bien s’autoriser quelques caprices. » (p. 18) Commence alors un improbable voyage à travers la Suède. Le centenaire sera poursuivi par les autorités locales, la police et un gang de voyous pas vraiment malins. Allan a aussi le don de s’entourer d’alliés improbables, mais précieux : il y a donc Julius le kleptomane, Benny le surdoué et Mabelle et son éléphant.
Et comme si cette folle cavale en charentaises ne suffisait pas, la narration part à rebrousse-temps et présente la jeunesse d’Allan. À se demander comment il a pu devenir centenaire ! « L’existence est épuisante quand on décidait de la prolonger. » (p. 90) On découvre que cet expert en explosifs a peu ou prou sillonné le monde entier et trempé dans tous les conflits du 20e siècle. Il est donc question de Franco, de Roosevelt et Truman, de Mao-Zedong, de Staline, de Churchill ou encore de Kim-Jong-Il. Et Allan visite, plus ou moins contre son gré, Los Alamos, les goulags russes, les prisons de Téhéran ou les plages de Bali.
Avec ses genoux douloureux, son talent pour les langues et son petit penchant pour la boisson, Allan pourrait être un petit vieux comme les autres. Que nenni ! C’est plutôt un Forrest Gump suédois ou un drôle de matou qui n’en finit pas de changer de vie. Sa disparition fait couler de l’encrer et l’inspecteur chargé de l’enquête patauge. C’est peut-être le plus drôle de tout ce roman : les suppositions bancales d’un policier dépassé. « Aronsson ne voyait pas de schéma logique dans cette histoire. Mais une chose devenait de plus en plus évidente, aussi surprenante fût-elle : Allan Karlsson et sa bande tuaient des gens et faisaient disparaître leurs corps. » (p. 205)
Le style est très simple, voire simpliste : beaucoup de phrases en sujet + verbe + complément. Au moins, c’est efficace. J’ai peu apprécié les nombreuses répétitions, comme lorsque le narrateur reproduit à l’identique la description du voyou qui est à la base des aventures du vieillard. L’humour est facilement potache : il se voudrait grinçant, mais ça n’est pas tout à fait ça. Ajoutez à cela des poursuivants qui sont toujours en retard de quelques minutes et vous avez un étrange mélange de vaudeville, de roman historique et d’odyssée en pantoufles.
J’avais entendu bien plus d’avis négatifs que positifs sur ce livre. C’est donc avec méfiance que je l’ai ouvert. Finalement, ce fut une lecture plaisante, mais pas renversante. Les pages se tournent vite, on ne réfléchit pas et on embarque facilement dans les aventures loufoques d’Allan. Évidemment, tout cela est beaucoup trop rocambolesque pour être crédible, mais il ne faut pas trop en demander à ce roman qui est probablement un très bon roman de plage. Pour ma part, je l’ai lu sous la couette tout en jouant avec mon chat, ça passe aussi.