Elles s’appellent Marguerite, Blanche, Gloria, Aurore, Pia, Cassiopée, Kenza, Lilas, Madison, Oriane, Lisa ou Claire. Certaines sont anonymes. Elles cherchent l’amour, le plaisir, le désir. Tiercé gagnant, même dans le désordre. Surtout dans le désordre. Elles se cherchent elles-mêmes, se retrouvent, se découvrent. Chacune a son truc pour séduire les hommes, mais qu’elles soient sexy, cordon bleu ou naturelles, elles sont avant tout femmes, puissamment femmes. Parce qu’il y a mille façon d’être une « elle » et mille façon de le revendiquer, que l’on sorte ou non sa « panoplie de femme. » (p. 7)
Ces 17 nouvelles sur les femmes sont dédiées aux hommes, mais ne sont en rien un pamphlet féministe. Haut les filles !, haut les cœurs, haut les mains : tout ça à la fois. Calouan prend le lecteur en hold-up et fait battre son cœur juste un peu plus vite et juste un peu plus fort. Avec ses femmes – mères, filles, amantes, fortes ou fragiles –, l’auteure donne voix au chant du monde. Et dans ses phrases où les virgules disparaissent, le verbe se précipite pour nous murmurer les éclats de vie des héroïnes ordinaires de ces nouvelles. Pour finir, Calouan maîtrise ses chutes : même si ce sont souvent des vies suspendues, il aurait été vain et superflu d’ajouter un mot, un point. Les nouvelles stoppent exactement là où elles le doivent et, qu’on le veuille ou non, on doit laisser filer les femmes. « Il n’avait jamais pu l’effacer de sa mémoire. Jamais. Et vingt ans après elle est là, devant lui, s’en allant au bras d’un autre. » (p. 62) Voilà, qu’on se le dise, Haut les filles, mais bas les pattes quand il faut se quitter.
Un dernier extrait pour le plaisir :
« Elle ne sait pas pourquoi mais quand elle rentre enfin dans son petit deux pièces elle se dit qu’elle va reprendre ses études d’anglais qu’elle a abandonnées trop tôt, qu’elle va vraiment se mettre au régime et acheter des tas de livres. Qu’elle va se remettre à la guitare et au vélo aussi. Qu’elle ne va plus ronger ses ongles. » (p. 88)