Une fois n’est pas coutume, je vous présente la quatrième de couverture au lieu d’un résumé de mon cru, ça m’évitera d’en dire trop…
« Pérou, octobre 1769. Une noble Créole quitte son hacienda avec trente et un porteurs et s’enfonce dans la forêt d’Amazonie pour rejoindre en Guyane son mari, le Français Jean Godin des Odonais, qu’elle n’a pas vu depuis vingt ans. Mais son expédition se perd, disparaît… Les semaines passent. De la cordillère à la côte, on tient les voyageurs pour morts, noyés par les crues, rongés par les fièvres, massacrés par les sauvages ou mangés par les fauves. Quand soudain, dans les méandres de la rivière Bobonaza, près de la mission d’Andoas, une femme sort de la forêt, seule… Doña Isabel. Comment a-t-elle pu survivre ? Pour Jean, seuls l’amour et l’espoir de le revoir ont permis à sa belle épouse de triompher de l’horreur.
Très loin de là, dans un salon parisien, un savant réputé, homme des Lumières et grand voyageur, Charles de la Condamine, entend parler de cette émouvante aventure. Il n’est pas dupe car il a bien connu Isabel et Jean… Pour découvrir ce qui se cache sous les apparences, il va entreprendre un dernier voyage, une dernière enquête. »
Le narrateur est donc le vieux Charles de la Condamine. Il a rejoint le couple des Odonais dans leur demeure du Berry. « Jean et Isabel ne m’attendaient pas. Ils se cachaient. Ils ne me croyaient pas capable, infirme comme je l’étais, de traverser la France pour leur demander compte de l’invraisemblable récit qu’ils m’avaient servi. » (p. 18) Au cours d’une longue après-midi et d’une interminable nuit, il questionne son hôte sur le naufrage de son épouse, cherche à démêler le vrai du faux et s’étonne de ce qu’Isabel refuse de se montrer. « Monsieur, je ne cache pas mon épouse. C’est elle qui se cache. » (p. 130)
Au récit de la périlleuse aventure d’Isabel se mêlent les souvenirs de l’expédition française de 1736 à laquelle Charles et Jean ont participé. Mandatée par le roi de France, une équipe de savants avait pour mission de mesurer un degré de méridien au Pérou. Par manque de chance et de moyens, l’expédition a duré 7 ans, période au cours de laquelle Charles a eu tout le temps de faire la connaissance de la très jeune épouse de Jean. Simple porteur de chaînes, c’est un miracle qu’il ait réussi à se faire épouser par cette riche héritière, mais auréolé de la gloire d’être français, il était un parti tout à fait enviable. Reste à savoir si cette ancienne expédition a un lien avec le malheureux voyage d’Isabel.
Ce roman se fonde sur un fait réel : en annexe de son récit de voyage, Charles de la Condamine a effectivement joint cette histoire étrange. Ici, Christel Mouchard s’empare des incohérences du récit originel pour tenter de percer le secret de cette désastreuse équipée jonchée de morts, entre querelles familiales, faillite et affaire de mœurs. A-t-elle réussi à percer les mystères du Pérou ou resteront-ils captifs et protégés de l’épaisseur de la forêt amazonienne ? À vous d’en juger ! Pour ma part, j’ai passé un très bon moment de lecture, en dépit de quelques digressions un peu longues.