Dans une petite ville du Maine, l’été de deux familles va tourner au drame quand un brave chien nommé Cujo est contaminé par la rage. Pour des raisons différentes, les couples Camber et Trenton traversent une crise conjugale, sous les yeux de leurs fils respectifs, Brett et Tad. La maladie du chien aura des conséquences dramatiques dans les deux familles.
Je n’en dis pas plus sur l’intrigue, sinon je risque de la déflorer et surtout d’amoindrir l’angoisse des futurs lecteurs. Dans ce roman très bien construit, on assiste à la lente et folle agonie du saint-bernard, spectacle retardé sans cesse par les récits parallèles qui entourent l’intrigue principale.
Moi qui suis une parfaite chochotte et qui regarde les films qui font peur derrière les oreilles de mon lapin en peluche, j’ai passé un moment délicieusement terrifiant avec Cujo. Dès le début, Stephen King s’emploie à installer un climat de malaise en faisant planer le spectre d’un ancien tueur sanguinaire dans les parages. À cela s’ajoutent les terreurs nocturnes du jeune Tad et tout l’imaginaire effrayant des monstres de placard. Vient enfin la chaleur écrasante d’un été continental qui rend les gestes plus lourds et les décisions plus pesantes.
Mais la grande force de ce roman, c’est de faire d’un élément du quotidien un sujet de terreur. Ainsi, sans rien de surnaturel, le gros chien apprécié par tout le voisinage devient une bête assoiffée de sang, rendue folle par la rage. L’épouvante naît de la banalité et repousse toutes les frontières de la normalité et de la sérénité. Et la peur qui surgit est celle des terreurs d’enfance : « Cette peur qui vous tient au ventre et vous fait fouiller l’obscurité à la recherche de ce qui va vous sauter dessus. » (p. 231)
J’ai beaucoup aimé ce roman, mais je vais faire l’impasse sur l’adaptation cinématographique : les oreilles de mon lapin n’y survivraient pas !