Biographie de Marie Céline Lachaud.
En 1893, Colette est encore Gabrielle. Elle a 20 ans et elle vient de se marier. Elle a passé son enfance dans une maison de Bourgogne, entourée de l’amour, voire de l’adoration de sa mère. Passionnée par la lecture et la nature, elle grandit comme un petit faune sauvage, libre et heureuse, nourrissant des espoirs un peu fous. « Gabrielle rêve d’un prince charmant qui l’enlèvera à cet ennui qui lui colle à la peau. » (p. 49) Car, bien qu’heureuse et choyée, Gabrielle étouffe en province et voudrait une vie plus palpitante. Grâce à Willy, son mari, elle découvre Paris, ses mondanités et ses mesquineries. Gabrielle n’est qu’une ingénue et elle souffre des infidélités de son époux. « Ainsi c’est ça la vie de femme, le plaisir charnel attaché à l’humiliation du mâle tout puissant. » (p. 74)
Mais Gabrielle veut réussir, alors elle s’endurcit et prend de l’assurance. Willy aura toujours des maîtresses, mais Gabrielle, devenue Colette, ne sera plus une épouse éplorée. Elle commence à écrire et la série des Claudine, signée de la main de Willy, est un succès. « Claudine est effrontée, cruelle et assume sa méchanceté avec jubilation. En un mot, elle est amorale. » (p. 101) C’est l’époque des premières amours saphiques de Colette, mais aussi celle des premiers textes qu’elle signe de son nom. Colette a maintenant plus de 30 ans et elle a fait son trou à Paris. Son couple bat de l’aile et le divorce est l’occasion pour les deux époux de s’affronter pur savoir à qui appartient Claudine. « La contradiction de Colette est que, d’un côté elle se battra bec et ongles pour être reconnue en tant qu’auteur des livres écrits du temps de Willy, et de l’autre, elle les dénigrera. En même temps, elle jouera Claudine au théâtre. » (p. 124) Voilà, c’est Colette, femme de contradictions et d’exagération.
J’aime la collection À 20 ans des éditions du Diable Vauvert. Elle saisit des auteurs dans la fleur de leur jeunesse et revient ou extrapole sur tout ce qu’ils deviendront. Parce qu’avant d’être des monstres sacrés de la littérature, ils ont subi les doutes et les égarements de la jeunesse. En chaque auteur se cache l’ombre de la jeune personne qu’il a été. Je n’ai pas lu la série des Claudine, mais j’ai vraiment apprécié L’entrave, La chatte ou L’ingénue libertine. J’aime l’audace fraîche et parfois frivole de cette auteure et il me tarde de découvrir d’autres de ses textes.