Nous le savons, le chat est souverain. Il ne vit pas chez nous : c’est nous qui avons la chance de partager son espace. Et parce que nous ne sommes que des humains, nous aimons à la folie notre félin de canapé, notre tigre de salon, notre puma nourri aux pâtées ultra luxe avec supplément gold. « Le chat n’est pas amour, il est aimé. Et c’est très bien ainsi. » (p. 13) Mais voilà, l’amour, qu’est-ce ? Et surtout, qu’est l’amour chez les humains ? Voilà l’importante question que le narrateur, un chat, tente de résoudre. « Aimons-nous plus le canari que les croquettes ? Le coussin plus que le griffoir ? » (p. 8)
L’homme est donc l’objet de l’analyse pointue et dédaigneuse du chat. Qu’a-t-il donc, l’humain, à être obsédé par l’amour ? Spirituel, sexuel, amical, familial, matériel, l’amour est sur toutes les lèvres humaines. Le chat en fait les frais, lui qui n’est rien tant qu’indépendant. « Je t’aime, donc je te nomme, parce que ton identité m’est chère. » (p. 24) Donc l’amour est passé en revue, du flirt à la rupture, en passant par le coït – interrompu ou non – et l’élevage des enfants. Pardon ? Il faut dire éducation ? Si vous voulez…
Alors, oui, évidemment, ce texte est drôle, mais à la manière subtile du chat, lequel sait si bien doser dans son regard et dans son attitude à notre égard l’intérêt et le mépris. À bien y regarder, le chat est un cynique. Et pour une raison bien obscure, l’homme s’obstine à faire de Rominagrobis un miroir dans lequel il s’observe et s’analyse.
Au passage, l’auteure (parce qu’évidemment, ce n’est pas un chat qui a écrit le texte) donne des informations utiles sur le comportement des chats. J’ai donc appris à regret que Bowie ne m’embrasse pas quand elle lèche mes joues ou mon nez. Et si elle se frotte à mes bas, ce n’est pas par amour pour ma personne, mais pour les croquettes (qui puent et qu’elle adore) qu’elle sait que je ne manquerai pas de verser dans sa gamelle (achetée une fortune parce qu’elle était tellement mignonne).
À certains égards, ce petit texte humoristique m’a rappelé le bel essai de Stéphanie Hochet, Éloge du chat. J’y ai trouvé la même admiration pour l’animal à pattes de velours. Que voulez-vous ! Quand on aime les matous, on ne peut pas s’empêcher d’en parler !