Kœnigsmark

Roman de Pierre Benoit.

Une nuit, quelques heures avant un assaut contre les Allemands, le jeune lieutenant Vignerte raconte ses amours malheureuses à un camarade de tranchée. Tout commence en 1912 quand, pauvre étudiant en Sorbonne, il refuse un poste de professeur dans une école parisienne pour devenir le précepteur d’un jeune duc en Allemagne. En effet, sa vocation universitaire est bien faible face à son goût pour le luxe et la richesse. Raoul Vignerte part donc pour le grand-duché de Lautenbourg-Detmold où il s’éprend follement de la grande-duchesse Aurore, remariée à son beau-frère après la mort étrange de son époux en Afrique. « Tu souffres. De quoi ? De ta maudite imagination. Ne sens-tu pas désormais que le sort pourrait t’offrir vainement les femmes de Paris, les trésors d’Iranie, sans satisfaire le rêve composé de nuées que tu portes en toi ? Elle, cette femme, la grande-duchesse ? » (p. 100) Dans cette cour allemande, Vignerte trouve une bibliothèque fascinante, des intrigues, des mystères, des adultères et des histoires qui sonnent comme des légendes.

Sans aucun doute, ce roman a vieilli, mais le texte a cet aspect jauni qui m’émeut. L’intrigue amoureuse, mise au premier plan, sert à merveille l’intrigue policière, voire politique, qui entoure le remariage de la grande-duchesse Aurore. J’ai souri devant le motif si classique – presque cliché – de l’amour entre le très jeune homme et la femme mariée, tendre rapprochement irrémédiablement voué à l’échec. La figure du jeune pauvre qui « monte » à Paris, puis ici dans une cour royale, est toujours porteuse d’une grande puissante dramatique : on aime voir le jeune homme en découdre, s’enivrer de plaisirs inédits, se croire maître du monde après quelques premiers succès, mais on n’oublie jamais d’où il vient. « Je m’assis humblement dans un coin avec la maladresse de ceux qui craignent qu’on voie qu’ils n’ont pas l’habitude. » (p. 29)

Je ne pense pas me souvenir très longtemps de ce texte tant il raconte une histoire que j’ai déjà lue ailleurs et souvent, mais il m’a offert un charmant moment de lecture et c’est parfois tout ce qu’il faut attendre d’un roman.

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