Quatrième de couverture : Miss Shepherd, vieille dame excentrique, vit dans une camionnette aux abords de la résidence londonienne d’Alan Bennett. Victime de l’embourgeoisement du quartier et de quelques vauriens, elle finit par installer son véhicule dans la propriété de l’auteur. Commence alors une incroyable cohabitation qui durera près de vingt ans. Entre disputes, extravagances et situations drolatiques, la dame à la camionnette n’épargne rien à son hôte ni au lecteur.
« Il se passe rarement un jour à présent sans qu’il se produise un incident impliquant la vieille dame, d’une manière ou d’une autre. » (p. 24)
Si j’ai choisi de citer la quatrième de couverture, c’est qu’elle en dit suffisamment et que tout résumé personnel n’aurait été qu’une vulgaire reformulation. Et surtout parce que, n’ayant pas vraiment accroché à ce texte, j’ai bien du mal à m’impliquer dans ce billet de blog.
En regroupant des notes prises dans différents journaux personnels, Alan Bennett dresse un portrait de cette envahissante voisine autoproclamée. Au fil des instantanés et des situations, le lecteur ressent sans difficulté la tendresse agacée et la bienveillance coupable de l’auteur. Oui, Alan Bennett est exaspéré par cette vieille excentrique qui a installé un taudis dans son jardin et qui, souvent, s’impose en parasite. Mais comment la rejeter, comment la repousser sans piétiner les principes les plus simples et les plus humains de la charité ? Devant les déboires que subit Miss Shepherd, l’auteur ne sait être insensible, mais c’est surtout lui qui est gêné. « Je suis convaincue que ces agressions sont plus préjudiciables à mon équilibre intérieur qu’au sien. En menant l’existence qui est la sienne, elle a dû être quotidiennement confrontée à ces manifestations de la cruauté humaine. » (p. 26)
Je n’ai pas été convaincue par cette histoire. À sa manière, l’auteur tente de préserver de l’oubli une figure locale dont l’identité et l’histoire sont pleines de mystères. Mais je ne suis pas certaine qu’il réalise ce travail de mémoire pour la vieille dame : il me semble que son entreprise est plutôt sa façon de s’excuser. Hélas, les excuses interviennent quand le mal est fait, toujours trop tard. Donc, bien que le récit reste émouvant, il me paraît très artificiel et assez peu honnête sur ses motivations intrinsèques. D’Alan Bennett, je vous conseille plutôt La reine des lectrices, une autre histoire de vieille dame indigne.