Insomnie

Roman de Stephen King.

Depuis la mort de sa femme, Ralph Roberts fait des insomnies : il se réveille de plus en plus tôt chaque matin et son sommeil se réduit à peau de chagrin. « Personne ne semblait savoir exactement ce qu’était le sommeil lui-même : ses mécanismes, son utilité. » (p. 31) Il a beau s’astreindre à de longues marches ou suivre tous les conseils qu’on lui donne, rien n’y fait, il ouvre les yeux en plein milieu de la nuit. À soixante-dix ans, ce n’est pas vraiment ce qu’il lui fallait pour rester en forme. « On ne se rend jamais compte de l’importance du sommeil que quand il se met à manquer. Parce qu’alors les planches commencent à tanguer et les angles des choses à s’arrondir. » (p. 37) Et voilà que Ralph se met à voir des choses étranges : des auras colorées autour des gens et des créatures bizarres armées de lames qui entrent et sortent des maisons sans passer par les portes. Sénilité ? Hallucinations ? Ou peut-être nouveau niveau de conscience… « C’était de loin le rêve le plus réaliste que Ralph ait jamais connu de sa vie, et le fait de savoir qu’il rêvait paraissait même renforcer cette impression de réalisme. De lucidité. » (p. 208) Tout cela a un lien avec Ed Deepneau, charmant voisin qui a visiblement perdu les pédales jusqu’à battre sauvagement son épouse et qui mène une guerre acharnée contre Susan Day, militante féministe, et l’avortement. Avec ses voisins et amis, Bill McGovern et Loïs Chassey, Ralph vient en aide à Helen et son bébé. Et il doit mener à bien une mystérieuse tâche qui lui a été confiée par des personnes bien étranges. Bref, voilà une drôle de mission pour les petits-vieux de Derry, dans le Maine !

Et hop, un excellent opus du maître de l’épouvante ! Parce que l’insomnie, moi, ça me terrorise depuis que j’y suis sujette. Tout autant que les cauchemars dans le demi-sommeil qui n’ont ni queue ni tête.  « Ralph ne doutait pas que certains rêves fussent assez puissants pour tuer. » (p. 212) Si l’insomnie est le sujet principal pendant le premier tiers du roman, elle ne disparaît pas quand se déroulent les autres pans de l’intrigue, entre surnaturel et angoisse. C’est avec plaisir que j’ai constaté que ce texte est une pièce du plan qui mène vers La tour sombre, avec ses personnes emblématiques et ses paysages inoubliables. Ah, ce fameux champ de fleurs si rouges que les couleurs semblent crier… J’ai véritablement apprécié la fin qui, après la victoire des gentils (évidemment, hein !), n’est pas une conclusion de conte de fées : la vie continue, avec ses petites joies et ses bobos, et la fin n’est jamais que le début d’autre chose.

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