Psychopompe

Texte d’Amélie Nothomb.

L’autrice-narratrice raconte comment, au gré des déplacements familiaux au Japon, en Chine, en Amérique et ailleurs en Asie, elle s’est prise de passion pour les oiseaux, au point de vouloir apprendre à voler. « Il m’apparut que l’oiseau était la clé de mon existence. Jusqu’alors, je m’étais passionnée pour l’espèce aviaire. Désormais, c’était au-delà : l’oiseau serait mon mystère. […] L’oiseau devient permanent en moi. » (p. 12) La gamine qu’elle était écoutait les chants avec ravissement et cherchait obstinément à s’alléger pour s’élever. Âgée de 13 ans, elle subit un événement traumatique, suivi d’une longue période d’anorexie. « Ces années de jeunesse furent effroyables. » (p. 51) Alors qu’elle est passée si près de perdre son âme, Amélie comprend qu’elle détient le pouvoir de porter celles des autres, au fil de sa plume. « Désormais, écrire, ce serait voler. Je ne suggère pas que me lire est un exercice d’altitude, je sais que quand j’atteins mon écriture, je vole. » (p.54)

Après Soif qui m’a profondément bouleversée, Psychopompe m’a beaucoup émue. L’autrice plonge dans son intime pour parler du temps de l’écriture, de son rapport à la mort et du supplice de vivre qui est un combat quotidien pour qui doute de voir un jour supplémentaire. Elle se livre sur sa capacité psychopompe et invite chacun·e à parler aux mort·es autant qu’à les écouter. « Les défunts sont très à cheval sur la politesse, ils n’aiment guère qu’on les force à réagir. On peut leur parler, on ne peut pas exiger qu’ils répondent. » (p. 77) D’aucun·es trouveront ce récit totalement fantasmagorique, d’autres parfaitement invraisemblable : qu’il leur reste en mémoire que le deuil peut être un dialogue aussi riche que la conversation la plus banale avec les vivant·es. Au terme de cette lecture, il faut que je me plonge dans Premier sang, texte qu’Amélie Nothomb a consacré à son père après le décès de celui-ci.

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