Roman jeunesse de Sylvie Germain.
Abandonnée par l’homme qu’elle aime, Laure fuit de train en train, de ville en ville, à l’aveugle, pour tenter d’étouffer la douleur qui la submerge. « Mais comment sauver la mer noyée à l’intérieur d’elle-même ? Oui, comment échapper à soi-même, à cette perpétuelle crue de larmes au-dedans de sa chair ? » (p. 13) Un dimanche triste et pluvieux, alors que la tentation d’en finir la saisit, elle entre dans un aquarium. « Cela ferait une heure de trompe-l’œil, de trompe-vide. » (p. 11) Elle passe devant les vitres immenses et les créatures marines, et c’est un face à face troublant avec une pieuvre qui réveille en elle le goût de vivre.
Dans ce texte très court, j’ai retrouvé la plume délicate et dentelière de Sylvie Germain. L’autrice convoque avec habileté de grands maîtres littéraires et donne à son roman une profondeur miraculeuse, un écho légendaire. C’est toujours un bonheur de découvrir un écrivain que j’apprécie dans un genre où je ne le connaissais pas, ici le texte pour jeunes lecteurs. Et c’est une franche réussite. L’histoire est simple sans être niaise ou simpliste, les enjeux sont complexes, mais abordables. L’encre du poulpe est un très bon texte pour aborder avec des collégiens les méandres du chagrin d’amour.