Recueil de textes de Michel Tournier.
« À travers leur apparente disparité, ces quatre-vingt-cinq texticules ont en commun une certaine vision du monde. » (p. 9) On y croise Mozart qui s’entretient avec Casanova, Goethe et Bach ou encore Germaine de Staël. On y traverse le calme jardin du presbytère où vivait l’auteur. On visite Prague et Weimar. On suit l’auteur dans ses voyages et ses lieux d’habitation. On salue Noé, Jésus, Paul et les rois mages. On écoute Michel Tournier parler de ses amis disparus, auteurs, acteurs, artistes, toute une bande fabuleuse et bigarrée. Bref, chaque page est une immense aventure.
Faut-il encore que je dise mon admiration infinie pour l’œuvre de Michel Tournier ? Probablement pas. L’auteur est poète, théologien, philosophe. Il est aussi désopilant et un brin coquin. Il écrit avec richesse, mais sa pensée est simple à suivre, car évidente et belle. Ce recueil de textes célèbre le beau, le vivant, le sauvage, le rebelle, mais aussi le quotidien et l’infime, comme le miracle des mûres de ronciers au détour d’une friche. Michel Tournier crée des images sublimes à partir de l’ordinaire et de ce qu’on ne remarque pas ou plus. Aviez-vous déjà vu que les horloges sourient à 10h10 alors qu’elles semblent bien tristes à 8h20 ? Sous la plume de cet auteur humble et génial, le symbolisme éclate en toutes choses, pour un peu qu’on prenne le temps de regarder ces dernières, de les relier ou de les opposer. « La beauté des êtres et des choses, leur bizarrerie, leur drôlerie, leur saveur justifient et récompensent une chasse heureuse et insatiable. » (p. 9)
Et comment ne pas lui donner raison quand il parle d’astrologie ? Moi qui ne crois en l’horoscope que quand il m’est favorable, je bénis le hasard de m’avoir fait naître sous le même signe que Michel Tournier. « De tous les signes du zodiaque, le Sagittaire est le plus complet et le plus chaleureux. » (p. 34)