Dans ce journal en 12 mois, l’auteur parle de bien des sujets :
- Les petites choses du quotidien,
- Des citations d’auteurs et d’anonymes,
- Son jardin et les animaux qui l’habitent,
- Ses apparitions publiques,
- Ses œuvres et son travail,
- Ses idées d’histoires,
- La mort, la religion, la sexualité,
- La météo et le cours du temps,
- La traduction ou l’adaptation de ses textes,
- Et cætera.
Ce journal d’auteur est parfait parce qu’il ne contient aucune introspection narcissique ou creuse. « Écrivez chaque jour quelques lignes dans un gros cahier. Non pas un journal intime consacré à vos états d’âme, mais au contraire un journal dirigé sur le monde extérieur, ses gens, ses animaux et ses choses. » (p. 53) C’est l’idée même que je me fais d’un carnet au long cours, tel que je le pratique : un fourre-tout joyeux et désordonné, mais précieux, car la trace de quelque chose est gardée. « Merveilleux métier qui tire profit des pires expériences ! » (p. 119) Michel Tournier partage des réflexions en tout genre, très brèves, mais fulgurantes, comme des amorces, des tremplins vers ailleurs.
L’auteur ne se regarde pas écrire et il ne se prive pas de pratiquer une autodérision du meilleur effet. « Mon boucher : ‘Monsieur Tournier, quand on vous connaît comme moi en vrai, on n’a pas besoin de lire vos livres, hein ?’ » (p. 80) Le texte se lit à toute vitesse, mais se savoure tout autant. Il suffit de rouvrir le livre pour trouver un passage court qui fait penser ou rêver pendant des heures. « Le visage, partie émergée de l’iceberg : parle et ment. La masse énorme du corps cachée dans les vêtements avec tous ses organes, partie immergée de l’iceberg. Elle ne ment pas, mais c’est parce qu’elle ne parle pas. » (p. 42) Avec son Journal extime, Michel Tournier nous donne les clés d’un certain bonheur : ne pas se prendre au sérieux, travailler avec bonheur, manger et profiter du temps qui passe. Heureux ceux qui comme lui peuvent suivre ce chemin de vie.