Ancien hussard, Georges Duroy enrage dans la vie civile, incapable de réaliser ses grandes ambitions. Une rencontre fortuite lui ouvre les portes du journalisme et d’un monde riche et brillant. Sa belle figure lui est en outre un atout non négligeable. « Dis donc, mon vieux, sais-tu que tu as vraiment du succès auprès des femmes ? Il faut soigner ça. Ça peut te mener loin. […] C’est encore par elle qu’on arrive le plus vite. » (p. 18) Il devient l’amant de Madame de Marelle, s’étourdissant d’amour et de plaisir dans les bras de cette bourgeoise. Hélas, sa nouvelle position ne l’a pas rendu plus riche et il court sans cesse après l’argent. « Puisqu’elle avait des envies qu’il ne pouvait satisfaire dans le moment, n’était-il pas naturel qu’elle les payât plutôt que de s’en priver ? » (p. 87) Décidé à réussir et à s’imposer, Duroy finit par épouser la veuve de celui qui l’a introduit dans le journalisme, mais il nourrit une profonde jalousie pour cette femme dont il n’arrive pas à percer tous les mystères. Finalement riche et reconnu, Duroy n’en a toujours pas assez et vise toujours plus haut, vers la jolie fille d’un homme récent devenu millionnaire.
Maupassant, roi du cynisme ! Quel plaisir de lire le portrait de Duroy, envieux et impatient, que rien ne satisfait jamais ! Son ambition est retorse et cruelle, elle ne s’embarrasse pas de scrupules et piétine les sentiments des femmes. Bel-Ami porte un regard acerbe sur le journalisme, montrant ses liens étroits et suspects avec la politique et la finance. Point de tendresse ou de compassion ici : l’amour et la presse se mènent d’une même main de fer et d’affaires.