Recueil de nouvelles d’Amos Oz.
Tel-llan, en Israël. « C’était un village somnolent, vieux d’un siècle au moins. » (p. 50) Les habitants n’y sont pas très nombreux et tous se connaissent. Arieh Zelnik profite de sa retraite et s’occupe de sa vieille mère. Gili Steiner, le médecin, attend son neveu Gideon. « Qui n’est pas là le soir, viendra le lendemain matin, ou alors à midi. Tout le monde finit par arriver un jour ou l’autre. » (p. 28) Pessah Kedem, ancien député, est convaincu que quelqu’un creuse la nuit sous sa maison. Sa fille, Rachel Franco, regarde s’écouler les années entre le lycée où elle enseigne et son père dont elle s’occupe. Yossi Sassan, l’agent immobilier, visite l’étrange maison de l’écrivain Eldad Rubin. Béni Anni, le maire, cherche sa femme. Le jeune Kobi Ezra ne sait pas comment avouer son amour brûlant pour Ada Devash, la bibliothécaire. Dahlia et Abraham Levine réunissent la chorale tous les mois.
Ces tableaux isolés composent une histoire commune qui pourrait être celle de n’importe quel village dans n’importe quel pays. Sauf que plane le funeste fantôme de la Shoah dans toutes les mémoires, et l’actualité, bien qu’éloignée, ne peut être ignorée. « Si l’on prend un peu de recul, il est évident que nous méritons la haine et le mépris. Peut-être même la compassion. Sauf que les Arabes ne peuvent pas avoir pitié de nous, vu qu’ils excitent celle du monde entier. » (p. 68) Le village est comme suspendu, presque arrêté en plein temps. À la fois immuable et pétrifié. Témoin figé du temps qui passe et stèle posée sur l’histoire. « Tel-Ilan était un village séculaire environné de champs et de vergers. » (p. 124) Mais cette immobilité n’est pas le calme ou la sérénité. Il va se passer quelque chose. Certains désirs contrariés et autres légers malaises prendront tout leur sens au terme du recueil. Des gens arrivent que l’on n’attendait pas et ceux qu’on espérait manquent à l’appel. Des incidents qui semblent mineurs sont en réalité de tristes augures qui annoncent l’avenir apocalyptique du village. « J’aurais juré sentir une présence rampant dans les ténèbres opaques, derrière mon dos. D’où venait-elle, où se dirigeait-elle ? Mystère. » (p. 191)
Pour une première lecture de cet auteur, je suis époustouflée. Je suis très difficile avec les nouvelles et celles d’Amos Oz sont riches des qualités que j’affectionne. Courtes et concises, éloquentes mais non bavardes, avec des chutes qui n’auraient pas pu être différentes. Je pressentais qu’Amos Oz était un auteur que je pouvais apprécier. C’est bien le cas et j’en suis ravie. Il ne me reste qu’à découvrir le reste de son œuvre.