Baptisé Otto, cet ours en peluche raconte son histoire. À la sortie de l’atelier de fabrication, il est offert à David. Le jour où lui et sa famille sont arrêtés, David offre l’ourson à son ami Oskar qui le garde précieusement contre lui à chaque bombardement qui terrorise Berlin. Séparé de son deuxième propriétaire, Otto sauve la vie d’un G.I. en prenant une balle à sa place. De retour au pays, le soldat offre la peluche à sa fille Jasmine. Brutalement arrachée à sa nouvelle amie, Otto pense finir ses jours dans une poubelle quand une clocharde le ramasse et le vend à un antiquaire. Rafistolé, l’ourson s’empoussière derrière la vitrine de la boutique jusqu’au jour où son premier ami le reconnaît.
Tendre et sans animosité, l’ourson fait le récit imagé d’une existence mouvementée, de l’Allemagne nazie à l’Amérique prometteuse. J’ai toujours été admirative de l’œuvre picturale de l’auteur-dessinateur, et tout particulièrement des Trois brigands qui ont bercé mon enfance de délicieux cauchemars. Les illustrations d’Otto sont un peu trop violentes, il me semble, pour un album destiné à de tous jeunes lecteurs. Les visages grimaçants de douleur ou de tristesse contrastent férocement avec les paroles naïves de l’ourson.
La tache violette sur son œil et les multiples ravaudages le rendent unique, comme l’est toute peluche adorée pour un enfant. La mienne n’a plus rien du lapin blanc et duveteux que j’ai reçu pour ma naissance, mais pour rien au monde je ne m’en séparerai ! C’est ma merveille, le témoin de mon enfance. Qui sait ? Elle écrira peut-être un jour son histoire, et la mienne…