Tome 1 : Le pistolero
Roman de Stephen King.
À la fin du tome précédent, nous avons laissé le pistolero sur la grève de la Mer Occidentale. Épuisé, il s’est endormi sans savoir que les eaux allaient lâcher sur lui des monstres plein de questions. Blessé, amputé et empoisonné, Roland le pistolero envisage son avenir sans espoir. Mais qu’en est-il des trois cartes que l’homme en noir a tirées de son funeste tarot ? Il a prédit trois rencontres à Roland : le Prisonnier, la Dame d’ombres et la Mort. À chacune de ces cartes correspond une porte vers un autre monde.
La première porte s’ouvre sur Eddie, un junkie en fâcheuse position. Roland l’entraîne sur la grève de la Mer Occidentale. « Bon, maintenant, j’emmène cette porte partout avec moi […] et Eddie aussi. Elle nous accompagne comme une malédiction dont on ne pourrait se débarrasser. » (p. 120) Roland poursuit sa route vers la deuxième porte et celle-ci s’ouvre sur Odetta Holmes et Detta Walker, deux femmes qui n’en sont qu’une. Elles aussi entrent dans le monde du pistolero. Et l’étrange équipée avance vers la dernière porte, celle qui dont dépend la vie de Roland. Quand elle s’ouvre sur Jack Mort, la mort de Jake et les accidents d’Odetta Holmes prennent tout leur sens. Mais ces trois portes ne sont nullement le bout de la quête du pistolero : la Tour sombre est encore loin et rien ne saurait empêcher Roland de la rejoindre.
Roland le pistolero est un chevalier d’un âge nouveau : il répond à un code d’honneur ancestral et exigeant. « Je me suis damné pour mon devoir. » (p. 126) S’il ne peut oublier sa responsabilité dans la mort de Jake, il est prêt à tout pour atteindre enfin la Tour sombre, sinistre fanal dans un monde dont le sens échappe sans cesse. « Il s’agit peut-être d’une sorte de cheville. Un pivot central maintenant ensemble tous les plans de l’existence. Tous les temps, toutes les dimensions. » (p. 190)
Le deuxième tome du cycle de La Tour sombre esquisse plus de questions que de réponses et le lecteur ne peut que repartir en quête aux côtés de Roland. Si le récit est ouvertement fantastique avec ses passages entre les mondes, il résonne également des accents d’un engagement que l’on suppose être celui de l’auteur. En filigrane, guerre du Vietnam et ségrégation sont pointées du doigt : à l’aune de l’honneur que l’auteur prête à Roland, la valeur d’une vie innocente ne saurait se soumettre aux idéaux viciés d’un monde, aussi immense soit-il. Il me tarde de lire la suite des aventures de Roland et d’Eddie.