Jeanne n’a pas 40 ans, mais elle a un cancer. « Je me suis demandé si le mal était entré en moi par effraction ou si je lui avais offert l’hospitalité. S’il s’était invité ou si je l’avais accueilli. » (p. 13) De séances de chimio en perte de cheveux, Jeanne se sent de plus en plus démunie, peu soutenue par son mari. Mais il y a Brigitte, Assia et Mélody, elles aussi atteintes de cancers féminins. Elles l’accueillent dans leur grand appartement et, ensemble, les quatre femmes espèrent des lendemains plus gais. « Elle l’a prise dans ses bras. Comme on console, comme on protège, comme on épuise un immense chagrin. » (p. 100) Unies par la maladie, les amies sont également liées par de lourdes et tristes histoires de maternité. Et pour réunir une mère et sa fille, elles organisent un braquage.
Voici donc le jour où j’ai lu toute la fiction de Sorj Chalandon. Une joie féroce est un beau livre, mais pas le meilleur de l’auteur à mon sens. Il y manque un je ne sais quoi, quelque chose qui m’aurait vraiment étreint le cœur. Toutefois, comme souvent, Chalandon sait monter des secrets et des mensonges qui explosent la confiance quand ils sont révélés, tout en rendant la vérité laide, bien que nécessaire. J’attends maintenant le prochain roman de l’auteur. Avec une féroce impatience.