Noël dans deux jours, et toute la famille Quantin attend le retour de Marie-Louise, l’aînée, partie travailler à Lyon depuis deux ans. Une lettre courte et impersonnelle annonce qu’elle ne viendra pas. Le père Quantin descend de sa ferme et entreprend le trajet jusqu’à la ville. De salon de coiffure en « salon privé », d’hôtel miteux en trottoirs incertains, Quantin rencontre des personnages qui connaissent ou ont connu Marie-Louise. Chacun lui en donne une image nouvelle, étrange, bien différente de celle que le père chérit. Qu’est devenue sa fille, sa « grande », ambitieuse et belle, dans cette ville où tout va trop vite? Faut-il croire la rumeur qui monte de son cœur de père et de paysan et qui lui fait craindre l’infamie de sa fille chérie? De retour à la ferme, comment parler à la mère et à la sœur de la « grande » Marie-Louise?
Comme toujours, en quelques mots, le texte de Clavel me séduit. Impossible de ne pas m’émouvoir devant la quête aveugle et vaine de ce père bourru et borné. Les mots sont rugueux, simples et bouleversants. Le texte se lit vite et s’imprime dans la mémoire. On croirait le roman loin de la littérature de la terre qui fait le succès de Clavel, mais le portrait acide et mauvais que l’auteur donne de la ville n’est qu’une nouvelle célébration glorieuse et tendre du monde rural.