Roman de Berthrand Nguyen Matoko.
David apprend que Daniela se marie à la fin de la semaine. Daniela, c’est son ex-compagne et la mère de son fils, Jésus. La surprise causée par l’annonce de ce mariage plonge David dans ses souvenirs et ses réflexions. Il raconte sa rencontre avec Daniela, antillaise et étudiante en droit. « Je ne pouvais que définir ma rencontre avec Daniela telle la bénédiction de ma destinée. » (p. 23)Il retrace son propre parcours entre Dunkerque, Champigny-sur-Marne, Paris et son poste de jardinier dans le parc des Buttes Chaumont. Il évoque Camille, amie d’enfance à l’esprit brillant, avec laquelle il a noué une relation faite d’amour et de sentiments. Dans sa passion pour le jogging dans les allées du parc des Buttes Chaumont, il rencontre Samy, antillais lui aussi et curieux de tenter de nouvelles expériences.
Les relations humaines et/ou amoureuses et la question de l’identité sexuelle sont au coeur du roman. « Je clamais la thèse de l’évolution sociale par la féminisation des hommes et la masculinisation des femmes, de telle sorte que la passion amoureuse implique profondément l’amitié entre les sexes. » (p. 52) Toutes les expériences amoureuses et sensuelles que connaissent David et Daniela sont impulsées par Camille et Samy qui s’imposent comme un soutien et une échappatoire pour le couple incertain.
Ce roman ne m’a pas convaincue. David est un personnage qui m’a rapidement agacée : c’est une éponge qui souscrit aux théories des autres et qui semble incapable de formuler une idée originale. Son obsession récurrente pour le jogging et plus généralement pour le corps (masturbation, hygiène de vie, etc.) est avilissante et en fait un être malsain. Je n’ai pas trouvé originale la façon dont est traité le triangle amoureux. La chute de l’histoire est attendue et la conclusion sonne comme une mauvaise morale tirée d’un mauvais conte philosophique. Le style de l’auteur est inégal : certains passages sont vraiment bons et d’autres sont d’une platitude écœurante.
Les nombreuses erreurs de ponctuation (mésusage des points-virgules et des majuscules), les fautes de grammaire et d’orthographe et certaines phrases incompréhensibles (tournures incorrectes ou mots en trop) ont grandement entravé ma lecture. Je suis d’ordinaire assez indulgente avec les coquilles, mais je supporte difficilement les fautes de langage.
C’est le premier livre autoédité que je lis. J’ai de nombreuses réticences quant à l’auto-édition : je redoute une « édition poubelle » qui regrouperait tous les réprouvés de l’édition traditionnelle et qui proposerait des textes sans intérêt portés par des auteurs vexés de s’être vus fermer les portes de Gallimard & Cie. Ici, ce n’est pas la question : je n’ai pas aimé ce texte, mais il aurait pu être édité par des maisons d’édition qui ont pignon sur rue, ce qui ne garantit toutefois pas la qualité de leur catalogue. La seconde crainte que je nourris à l’encontre de l’auto-édition, c’est l’indigence des corrections. Le livre de Berthrand Nguyen Matoko souffre clairement d’une relecture insuffisante. Les maisons d’édition traditionnelles disposent au moins de services de correction efficaces qui évitent ce genre de lecture pénible à toute personne connaissant le bon usage du point-virgule.