Après une sordide histoire, Harry Ricks a quitté précipitamment les États-Unis, son université et sa famille. Seul dans Paris, il est démuni et déprimé. Il hante les cinémas et tente, sans succès, d’écrire son premier roman. Son existence s’effondre et Harry désespère de reprendre pied. Son épouse lui interdit tout contact avec leur fille et sa réputation est fortement entachée. Les rencontres qu’il fait sont plus désastreuses les unes que les autres : un gérant d’hôtel sans scrupule, un logeur escroc ou encore un voisin brutal. Dans une misérable chambre de bonne, il voit ses économies fondre à vue d’œil. Il trouve un boulot de veilleur de nuit dans un local assez louche. « Ce qui se passe au rez-de-chaussée, ce ne sont pas tes oignons. Ni maintenant ni jamais. Crois-moi, c’est mieux ainsi. » (p. 95) Mais il ne se pose pas de question : il a besoin d’argent et ça lui laisse le temps de travailler à son roman.
Et il rencontre Margit, la cinquantaine passée. Entre eux, la séduction est brutale et immédiate. Margit est très secrète et elle n’accepte de voir Harry que deux fois par semaine, en fin d’après-midi. « Avec cette femme, il va falloir du doigté, du sang froid, un peu de détachement… » (p. 134) Difficile pour Harry de suivre son propre conseil : totalement subjugué par la troublante Margit, il se laisse dominer par cette relation et ne se reconnait pas. « Tout le monde joue un rôle dans une relation sentimentale. Surtout quand elle est aussi étrange que celle-ci. »(p. 171) Mais de troublantes coïncidences émaillent le séjour parisien d’Harry. Peu à peu, il a le sentiment d’être suivi, voire piégé. Et Margit ne semble pas innocente : « Tu avais besoin de moi pour régler tous les comptes qui restaient en suspens. » (p. 320)
Harry est un passionné de cinéma. En ce sens, le fait que le roman se déroule comme un mauvais film est particulièrement ironique. Entre répliques attendues, situations rocambolesques et scènes un peu trash, le roman est digne des séries B ou des téléfilms de l’après-midi. Les ficelles sont grosses comme des poutrelles et le retournement vers le deuxième tiers du roman est vraiment grotesque. La dichotomie est criante de ridicule entre Harry le raté qui culpabilise et Margit la sublime femme mystérieuse. Enfin, les constantes références à une certaine morale américaine puritaine plombent l’ambiance : l’atmosphère est suffisamment oppressante sans besoin d’en rajouter.
J’ai trouvé de nombreux défauts à ce roman, mais j’ai été incapable d’en arrêter la lecture. Complètement fascinée par la médiocrité certaine du texte, j’ai continué à tourner les pages juste pour relever d’autres défauts et formuler d’autres critiques. Oui, je sais, c’est particulièrement mesquin…