Bande dessinée d’Evan Dorkin (scénario) et Jill Thompson (dessins).
Âme égarée – Bégueule le beagle ne peut pas dormir dans sa nouvelle niche parce qu’elle est hantée. Les chiens du quartier font appel au sage Berger, un bobtail bien avisé. Pour aider Bégueule à retrouver le sommeil, cinq chiens et un chat appellent l’esprit tourmenté du fantôme.
La nuit, tous les chats… – Des hordes de chats noirs envahissent la communauté de Sommers Hill et annoncent le retour de sorcières qui veulent réveiller une ancienne divinité. Les chiens sont bien décidés à préserver la tranquillité du quartier.
Ne réveillez pas un chien qui dort… – Un vilain chat noir se venge de la meute en réveillant des chiens morts. Voilà que des zombies déambulent en ville ! « Soyons sérieux, crotte ! Il faut protéger notre voisinage ! » (p. 18) Il n’est plus temps d’être comme chien et chat : il faut se débarrasser des morts-vivants.
Un chien et son gars – Les chiens trouvent un humain dans la niche de Cador, un humain qui les comprend et parle leur langue. Mais le jeune garçon a un comportement bien étrange alors que s’approche la pleine lune.
Calamité – C’est le printemps à Sommer Hills et le douloureux hiver n’est plus qu’un mauvais souvenir. « Dire qu’à une époque, notre seul souci, c’était d’avoir une bonne pâtée. » (p. 147) Tout semble calme jusqu’à ce qu’une pluie de grenouilles s’abatte sur la ville. Derrière ce phénomène étrange se cache en fait une terrible menace.
La portée – « Ce n’est pas la première fois que vous vous comportez avec sang-froid face au surnaturel. C’est pourquoi la ligue des sages bergers m’envoie ici vous proposer de rejoindre ses rangs. » (p. 92) Les cinq chiens et le chat ont commencé leur apprentissage pour devenir des sages bergers. Une femelle se présente à eux pour qu’ils l’aident à retrouver ses petits. Mais les chiens ne sont encore que des novices et ils ne maîtrisent pas toutes les incantations qu’ils lancent.
Les rats de Sommer Hills – Sans-Famille ne cesse de penser à Dymphna, la chatte noire qui a failli causer la perte de Summer Hills en invoquant des zombies. Il est persuadé qu’elle n’est pas morte et part à sa recherche dans les égouts de la ville.
La profanation – Certains n’apprécient pas le retour de Dymphna et la soupçonnent de vouloir nuire à nouveau. Mais le plus important n’est pas là : une tombe du cimetière est ouverte et un humain a été massacré. De plus, un chant étrange retentit dans les airs, un chant que les rats vénèrent. La menace qui plane sur Summer Hills est encore imprécise, mais elle ne cesse de grandir. « Sommer Hills souffre d’un mal. Un mal puissant et inconnu qui attire ici des phénomènes contre nature. Ce mal doit être dépisté et éliminé. » (p. 92)
J’ai passé un très bon moment avec Bégueule le beagle, Terry le terrier, Cador le husky, Dobey le doberman, Carl le carlin et Sans-Famille le chat. Cette fine équipe à poils et à pattes ne mène pas la vie tranquille des animaux de compagnie. Même si les pelouses où sont posées leurs niches sont vertes et fleuries, les cabots et le matou voient des horreurs sans pareil.
Grande amoureuse des toutous et des matous, j’ai apprécié les scènes qui mettent des mots sur les comportements classiques de nos bestioles favorites. Ainsi, un des chiens ne peut s’empêcher de mettre son museau sur l’arrière-train de ses congénères et le chat se fait parfois avoir quand il se passe la patte derrière l’oreille. J’ai particulièrement été touchée et amusée par Carl, l’irascible carlin, qui cache un gros cœur et un courage certain. « Non mais, vous avez tous bu l’eau des toilettes, ou quoi ? Ça n’existe pas, les fantômes ! C’est juste des histoires à faire japper les plus jeunes de la portée. » (p. 10)
Un peu de surnaturel, quelques légendes canines et voici une très bonne intrigue. Il faut avoir le cœur bien accroché parce que les chiens sont assez malmenés. Nos chers compagnons ne sont pas des poules mouillées, mais ils ne sont pas en acier trempé. La présence du chat de gouttière est à la fois drôle et attendrissante : c’est une belle illustration de la tolérance et de la mixité. Point à noter : on ne voit pas un seul humain – normal, s’entend – dans cet ouvrage. La part belle est faite aux animaux. Le grand talent du dessinateur, c’est d’avoir donné chaque personnage une personnalité bien définie sans pour autant humaniser les animaux.
La bande dessinée d’Evan Dorkin et Jill Thompson est bourrée d’humour et les dialogues sont savoureux. Le dessin est très réussi, parfois superbe. Entre aquarelles et gouaches, l’image est très dynamique et vraiment profonde. L’organisation de la page n’est jamais systématique et se décline entre petites cases et grandes surfaces. Impossible de s’ennuyer en tournant les pages de cette bande dessinée : tout est fait pour attirer et réveiller le regard. C’est une belle performance qui donne envie de lire la suite. Je l’attends avec impatience !