L’été slovène

Premier roman de Clément Bénech. (Un grand merci pour la dédicace gazouillante !) À paraître le 27 mars.

Il y a l’été indien où la nature donne tout ce qu’elle peut pour créer l’illusion que le froid n’est pas à la porte. Et il y a l’été slovène : c’est la même chose, mais pour l’amour.

Le narrateur et son amante, Elena, ont décidé de passer des vacances en Slovénie. À la clé, il y a la survie de leur jeune couple. Pleins de bonne volonté, les deux amoureux, ou presque amoureux, essaient de retrouver la flamme, de vivifier le désir et de justifier leur relation. « Est-ce que tu es en couple avec moi pour avoir la reconnaissance de tes amis et de ta famille, ou pour la sérénité de l’amour ? » (p. 30) Et puis, il y a tous ces petits riens désagréables qui rendent un voyage pénible et l’amour irritable : une voiture qui part en toupie, un chat qui miaule dans la chambre d’hôtel, une chaleur lourde et sans finesse.

Mais les deux amants essaient quand même, dans une dernière volonté de prétendre que ce voyage à l’Est sera utile. Alors, ils font l’amour à tout-va et essaient de rire de leurs mauvaises blagues. Mais l’agacement est là et toutes les beautés de Ljubljana n’y changeront rien. « Nous étions venus en Slovénie pour changer d’air, mais il semblait qu’il se viciait à notre approche et nous suivait comme une nuée de moucherons. » (p. 110) Déplacer l’amour, c’est comme déplacer les soucis : ça ne les allège jamais. On parle des amours d’été comme de romances douces et salées qu’il est douloureux de quitter à l’automne. Chez Clément Bénech, l’été sonne le glas d’un amour d’une autre saison.

Pour ces deux étudiants en géographie, la carte du Tendre semble bien indéchiffrable. « De même que l’on ne trouve à redire que des mauvais livres (où l’on se fait une joie de prendre en note les incorrections, celles qui suscitent notre mauvaise ironie) tandis que les excellents sont si dépourvus de faille qu’on ne peut y introduire aucun pied-de-biche pour découvrir leurs rouages, de même l’amour commence pour moi à décliner lorsqu’on est capable de dire exactement ce qui nous plaît chez l’autre. Dès lors, l’autre est seulement une liste avec des cases cochées. » (p. 56) OK, ne pas mettre de mots sur l’amour… Mais se taire, voilà le dernier des maux.

Clément Bénech (que vous pouvez suivre sur Twitter avec le pseudo @Humoetique) signe un premier roman douloureusement désinvolte et riche de formules très élégantes. Son art de la parenthèse est puissant : là où certains y fourrent le brouillon de leurs idées inachevées ou avortées, le jeune auteur n’y met que l’essentiel, voire l’indispensable. Mon seul reproche : ce roman est trop court, on en veut encore ! Ma dernière question : à quand le prochain ?

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