Chocolat

Roman de Joanne Harris.

Vianne et sa petite fille Anouk s’installent à Lansquenet, village du sud-ouest de la France. Immédiatement, les langues vont bon train, car Vianne ouvre une chocolaterie juste en face de l’église, le premier jour du carême. Pour Francis Reynaud, le curé de Lansquenet, il s’agit d’une attaque aux mœurs et au sens sacré du carême. Il va tout faire pour combattre l’influence sucrée de Vianne sur le village et tenter de garder les habitants sous son contrôle. Et pour gagner son combat, il est prêt à tout, même au pire, au nom d’une foi qui confine au fanatisme. Mais Vianne sait se défendre et lutter contre l’autorité délétère du prêtre et de ses cohortes de grenouilles de bénitier. Sans être anticléricale, son athéisme est franc et simple. « Je ne crois pas que ce col blanc vous donne l’exclusivité de l’accès au Divin. » (p. 284) Et dans la boutique La céleste praline, on croise une vieille femme un peu folle, un célibataire et son chien, une cleptomane et des gitans. Un joyeux monde qui se moque d’appartenir à la sacro-sainte communauté qui reste fermée aux étrangers, aux marginaux et aux originaux.

On sent planer le fantôme de la mère de Vianne avec un passé vagabond et lourd à porter. Vianne aurait-elle des secrets ? N’est-elle pas un peu sorcière, elle qui devine les friandises préférées de chacun et qui peut voir au-delà des choses ? Vianne donne avec générosité et sans arrière-pensée, car elle sait que tout garder ne rend pas plus riche. « Tout le monde a besoin d’un petit luxe, d’un petit plaisir de temps en temps. » (p. 58) Pourquoi bouder le plaisir ? Un chocolat, une praline, un caramel, ce sont des vices bien innocents quand ils sont consommés avec le cœur, sans gloutonnerie. Du plaisir simple au plaisir défendu, il y a un pas que seules les âmes torturées et vicieuses comme celle de Reynaud peuvent franchir.

Ma première lecture de ce roman date de bien avant l’ouverture du blog et j’en gardais un bon souvenir, mais j’avais oublié la complexité des personnages. Cette histoire est loin d’être innocente ou mièvre et j’ai pris plaisir à retrouver l’atmosphère gourmande et lourde de senteurs de la boutique de Vianne. Par ces temps de canicule, le roman de Joanne Harris ne fond pas dans la main, mais sous les yeux. Je ne sais pas si je reverrai le film avec Juliette Binoche et Johnny Depp : cette adaptation m’avait paru assez niaise.

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