Une histoire d’hommes

Bande dessinée de Zep.

Franck, JB et Yvan sont partis retrouver Sandro dans sa demeure en Angleterre. Des quatre membres qui composaient le groupe Tricky Fingers, seul Sandro est devenu une rock star. Franck tient un restaurant, JB vend des surgelés et Yvan est paumé. Au cours du week-end, passé et présent se rencontrent et l’heure est alors à la tombée des masques. Près de vingt ans après la brusque interruption de l’ascension du groupe, chanteur, musiciens et parolier relisent les évènements et ouvrent les yeux, d’un commun accord, sur ce qui s’est vraiment passé, ce soir-là, dans les loges de la BBC.

Si Franck et JB, tant bien que mal, semblent avoir réussi dans leurs vies anonymes, Yvan est profondément désemparé, voire déprimé. Même sa compagne Béa ne sait plus comment l’atteindre et le faire réagir. « Arrête, Yvan… Tu restes replié sur ton amertume. » (p. 20) Quant à Sandro et son épouse Annie, ils font le deuil de leur fils de 16 ans, décédé l’année précédente. Cette tragique histoire a une résonnance sur le groupe d’amis et on comprend qu’il existe un lien très profond entre Sandro et Yvan. À tel point qu’Annie, ancienne petite amie d’Yvan, ne fait aucun mystère des sentiments qui les lient. « Tu ne m’as jamais manqué, mais à Sandro, oui. » (p. 52) Le week-end en Angleterre n’est pas la reformation du groupe de rock, mais les retrouvailles d’amis qui se sont trop longtemps perdus de vue. Si l’histoire est grave, elle n’en est pas moins touchante et parfois drôle. Potache, voilà le mot, mais jamais lourd. Cette bande dessinée parle d’amitié, de pardon et de volonté de grandir, même à près de 40 ans.

Entre flashbacks et aller-retours dans le présent, cet album one-shot permet à Zep de montrer toute l’étendue de son talent. Depuis Titeuf, l’auteur a grandi : son dessin est plus mûr et son trait, bien que plus crayonné, est plus sûr, plus affirmé. J’ai beaucoup aimé les cases qui, estompées aux angles, sont comme des pastilles temporelles, chacune croquant un instant avec nostalgie. Elles sont monochromatiques, dans des camaïeux pastel et doux. Un grand bravo à l’auteur pour son travail sur les visages qui sont très expressifs. J’ai passé un très bon moment avec cet album tendrement rock’n roll. En musique comme en amitié, the show must go on !

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