Roman de Edward Morgan Forster.
La jeune Lucy Honeychurch voyage en Italie avec sa vieille cousine Charlotte Bartlett. Elles sont descendues dans une pension à Florence et se désespèrent que leurs chambres ne donnent pas sur l’Arno. MM. Emerson père et fils leur proposent de changer d’appartement. C’est ainsi que commence le chassé-croisé amoureux entre Lucy et le jeune George Emerson. De retour en Angleterre, Lucy se fiance pourtant avec le distant et très conventionnel Cecil Vyse, mais l’ombre de George Emerson ne tarde pas à planer sur le couple. Qui donc Lucy épouser-elle ? « Se souvenant qu’elle était fiancée à Cecil, elle se contraignait à mal se souvenir de George ; il ne lui était rien, il n’avait jamais rien été pour elle. » (p. 220)
À mon sens, ce roman pourrait être de Jane Austen, mais il y manque deux aspects essentiels : le talent et la qualité ! Tout m’a semblé faux et maladroit. Lucy est une jeune personne qui bout d’énergie et qui rêve d’aventures tandis que George est un jeune homme cynique, athée et un brin mélancolique. Voilà déjà deux bons gros clichés. Il faut y ajouter une cousine pauvre, sotte et bornée qui est parfaitement agaçante avec sa manie affectée de présenter des excuses pour tout et n’importe quoi, mais aussi avec sa façon de se comporter en société. « Je suis une femme du monde à ma petite façon, je sais où conduisent les choses. » (p. 21) N’oublions pas le possible gendre idéal qui devient de moins en moins idéal à mesure qu’on le découvre : Cecil est atrocement désagréable et aucunement attachant. « Depuis ses fiançailles, Cecil affectait un cosmopolitisme de mauvais garçon qu’il était loin de posséder. » (p. 133) Enfin, il y a toute une cohorte de personnages secondaires, de la vieille fille aventurière au pasteur bedonnant, qui m’ont prodigieusement agacée.
J’en viens au titre : parce que Lucy et Charlotte se sont senties lésées (et ont fait un caprice, grosso modo) en n’obtenant pas les chambres qu’elles attendaient, MM. Emerson père et fils les ont obligées en leur offrant leurs appartements. Mais finalement, les deux femmes ne passent que très peu de temps dans ces chambres et admirent bien peu la vue, d’autant plus que leur séjour à Florence est brusquement écourté avec un départ précipité pour Rome. L’incident liminaire est un prétexte d’une banalité affligeante pour justifier la rencontre entre les deux femmes et les Emerson. En effet, puisque tous ces touristes logeaient dans la même pension, il est fatal qu’ils auraient fini par se rencontrer dans les pièces communes. J’en viens à penser que le sens du titre est le suivant : si l’amour ne peut pas entrer par la porte, il entre par la fenêtre. Oui, cette formule manque d’élégance, mais c’est à l’image du roman.
Entre mauvais romantisme, situations bouffonnes et coquilles à répétition, ce roman a mis ma patience à rude épreuve. On m’en avait pourtant dit grand bien, de même que du film. J’hésite maintenant à ouvrir le boitier DVD…