« Que je sache, mes ancêtres, génération après génération, furent des bergers d’Ettrick. » (p. 17) Pour reconstituer l’histoire de sa famille, Alice Munro remonte à ses ancêtres écossais et retrace toute la généalogie jusqu’aux dernières branches de l’arbre familial. On suit ainsi ceux qui ont quitté l’Écosse pour le Canada et ceux qui pensaient faire fortune en achetant de la terre outre-Atlantique. « À l’exception du journal de Walter et des lettres, l’histoire est tout entière de mon invention. » (p. 105)
Rapidement, le texte se centre sur Alice et ses parents, son enfance un peu douloureuse, sa jeunesse et son mariage. Alice Munro dévoile un peu d’elle et de son être intime en évoquant des souvenirs plus ou moins importants. « Ce n’était pas que j’aie renoncé à la passion. La passion, au contraire, entière, destructrice même, était ce que je recherchais. Exigence et soumission. Je n’excluais pas une certaine forme de brutalité, mais sans confusion, sans duplicité, sans surprise ni humiliation d’une nature sordide. Je pouvais attendre, et ce qui m’était dû me viendrait, quand je serais épanouie. » (p. 269)
Ce texte est difficile à classer tant il emprunte à un certain nombre de genres différents. Roman des origines, biographie, autobiographie, essai historique, récit social, Du côté de Castle Rock ne se laisse pas facilement appréhender. Pourtant, pour fascinant et foisonnant qu’il soit, ce texte m’a un peu déçue. Peut-être parce que j’en attendais beaucoup et sûrement parce que la généalogie de cette famille est bien difficile à suivre. J’ai commencé à raccrocher les wagons vers la page 160 quand le père et la mère de l’auteure entrent en scène.
Cette biographie/autobiographie regorge d’anecdotes et d’instants choisis qui, pris à part, sont plutôt plaisants à lire, mais qui forment difficilement un tout. Au sortir de cette lecture où je me suis vaguement ennuyée, il ne me reste pas grand-chose, si ce n’est le sentiment d’être passée du coq à l’âne. Peut-être peut-on voir dans ce texte un recueil de miscellanées, mais c’est un genre qui m’a rarement séduite. Autre point gênant, j’ai eu beaucoup de difficultés à comprendre l’histoire de la mère d’Alice Munro, tantôt absente, tantôt présente, tantôt gravement malade…
Du côté de Castle Rock est donc une lecture en demi-teinte et je ne suis pas certaine d’avoir envie de m’aventurer encore du côté d’Alice Munro. Pourtant, un titre pareil et tout ce que cela évoque de Stephen King, cela m’alléchait beaucoup !