Les lettres

Nouvelle d’Edith Wharton.

Lizzie West est une jeune institutrice pauvre. Elle tente avec difficulté d’inculquer quelques connaissances à la jeune Juliette Deering. Mais Lizzie est heureuse, car elle partage une romance secrète avec Vincent Deering, le père de Juliette. « Ce n’est pas le baiser reçu qui importe, mais le baiser rendu. Et le premier baiser de Lizzie West avait été pour Vincent Deering. » (p. 16) Hélas, Vincent se retrouve veuf et doit rentrer en Amérique pour régler les affaires de sa défunte épouse. Les deux amants promettent de s’écrire, mais après quelques lettres, Vincent se tait et les lettres passionnées de Lizzie restent sans réponse. « Mais bien qu’elle fut convenue en elle-même et avec insistance du caractère épisodique de leur histoire et que, pour Deering, celle-ci ne pouvait être qu’un simple accident, elle demeurait convaincue que son sentiment pour elle, même fugitif, avait été véritable. » (p. 45) Des années plus tard, les anciens amants de retrouvent et le voile de silence se déchire. « Un amour capable de supporter la pesanteur de la vie pouvait être tissé de substances médiocres et mêlées. » (p. 92)

Edith Wharton a signé ici une nouvelle de grande qualité, à la fois fine et acérée, sur l’amour. Sans donner de réponse ni porter de jugement, elle interroge sur l’origine du sentiment, son entretien et la façon de le préserver des trahisons et du quotidien. L’intrigue est finalement banale, mais le talent de l’auteure est de la nouer de telle façon qu’elle prend l’ampleur d’un drame bourgeois où l’on se méprise à mots feutrés pour ne pas rayer les apparences.

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