Malavita

Roman de Tonino Benacquista.

La famille Blake emménage à Cholong-sur-Avre, petite bourgade perdue de Normandie. Fred, le père, prétend être écrivain. « Il se foutait bien de savoir si les mots qu’il frappait seraient lus un jour, si ses phrases lui survivraient. » (p. 132) Maggie, la mère, s’investit à corps perdu dans des activités caritatives. Belle, la fille, est belle et elle le sait. Warren, le fils, se rend rapidement indispensable au sein de son lycée. Malavita, le chien, dort tout son soûl dans des endroits improbables. Cette famille qui semble ne se distinguer d’aucune manière bénéficie en fait du programme de protection des témoins du FBI. « Comme je regrette la ville où je suis né et où je ne mourrai pas. » (p. 98) De Newark à Cholong-sur-Avre, les vieilles histoires mafieuses résonnent comme mille tambours et rien ne va rester calme très longtemps dans le voisinage de la famille Blake/Manzoni.

On m’avait parlé de ce roman en me promettant des éclats de rire à chaque page et un humour détonnant et décapant. Je n’ai rien trouvé de tout cela. Cette lecture est sympathique, mais l’humour est assez piètre. Jugez par vous-même : « Giovanni Manzoni prônait l’art de l’éloquence à coup de barre à mine, et les joies de la dialectique se traduisaient en général par une recherche d’arguments sophistiqués allant du chalumeau à la perceuse. » (p. 152) Il y a une flopée de phrases de ce genre et l’humour est en fait une compilation de clichés plus ou moins déclinés sur les mafieux.

De Tonino Benacquista, j’ai largement préféré Quelqu’un d’autre, fable sur le changement de vie, et Saga, chronique loufoque d’une émission télévisuelle. Malavita est le nom du chien. Si je traduis bien (mon italien est inexistant, alors je me raccroche à mon latin), cela signifie la mauvaise vie. Il paraît aussi que ça veut dire « la pègre ». Bon, si on veut : un mafieux, même repenti, a mené une mauvaise vie. Si ce roman ne m’a pas déplu, il ne m’a pas convaincue pour une simple raison : nombre de ses composantes sont invraisemblables. Je suis une adepte de la fiction et je n’aime rien tant qu’elle me transpose dans un univers créé de A à Z. Encore faut-il que cet univers soit cohérent et plausible. Je n’ai pas réussi à croire un seul instant à l’histoire des Blake/Manzoni, ce qui m’a largement empêchée de m’attacher aux personnages et de savourer pleinement l’intrigue. Malavita reste une lecture plaisante, mais qui ne me marquera pas longtemps.

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