Les fourmis rouges

Roman d’Édith Serotte.

Marie-Claudine, professeure de langues, a quitté Montréal pour suivre Arnaud à Pointe-à-Pitre. Son amant s’est vu proposer une belle situation professionnelle, mais elle attend en vain un permis de travail. Désœuvrée et meurtrie par le choc culturel, Marie-Claudine s’interroge sur le bien-fondé de ce déracinement. « J’ai pesé longuement le pour et le contre. Non, ce n’est pas vrai. Je n’ai pas réfléchi. Je l’ai suivi, c’est tout. Je ne me voyais pas continuer ma petite vie sans lui. » (p. 31) Alors qu’Arnaud a retrouvé sa famille et sa terre natale, Marie-Claudine souffre de l’inconnu qui entoure ses origines haïtiennes. Le fossé se creuse entre les amants et la gironde Québécoise perd pied. « Se peut-il que ceux que le Québec a unis puissent être séparés par le seul glaive de nos terres promises ? » (p. 70)

La sagesse populaire veut que toutes les fourmis rêvent d’être des fourmis rouges, elles qui sont si combatives et qui gagnent à tous les coups. Mais toutes les fourmis peuvent-elles vraiment endosser cette carapace martiale ? Marie-Claudine n’est pas de celles qui s’adaptent facilement. Il lui faut passer par « la réconciliation avec soi-même, passer le cap des idéaux pour mieux franchir ceux de la vie. » (p. 127) Sa mélancolie et sa nostalgie composent une touchante élégie sur la terre promise. Si j’ai largement préféré les évocations de Montréal, ville que je connais un peu, je me suis plu à déambuler dans des rues guadeloupéennes inconnues. Le court roman d’Édith Serotte est une belle invitation au voyage et tant pis si le vague à l’âme tourne au mal de mer !

Lecture dans le cadre du Prix Océans 2014.

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