Mémoire de l’esclavage : Île de Gorée

Bande dessinée de Serge Diantantu.

La découverte des Amériques a mis le Vieux Monde en effervescence. Les grands pays d’Europe veulent tirer profit de ces terres nouvelles qui regorgent de richesses. Rapidement, la main-d’œuvre locale, dûment exploitée et asservie, n’est plus suffisante. « En 1517, Las Casas, le jésuite ami des Amérindiens, profite de l’occasion d’exposer sa théorie à Charles Quint : réduire les Africains en esclavage afin de soulager les souffrances des Amérindiens et d’améliorer la productivité dans les mines et les champs de canne à sucre. »  (p. 24) C’est ainsi que la traite des noirs se met en place : les bateaux négriers font des razzias sur les côtes et dans les terres africaines et déportent des milliers d’Africains vers le Brésil et les Antilles. L’esclavage va de pair avec l’évangélisation forcée des populations autochtones et déportées. Espagne, Portugal et France ne voient que leurs intérêts et cherchent à gagner le contrôle des mers et des richesses. Le commerce triangulaire profite surtout aux colons et que cela se fasse au détriment d’autres êtres humains n’importe pas. « À cette époque, les Africains à la peau sombre sont considérés comme du bétail, la notion d’égalité n’ayant pas encore atteint la conscience humaine. En ce temps-là, la religion régit tout et en tant qu’instrument de pouvoir, elle ne défend guère l’égalité. » (p. 40)

Cet ouvrage est très didactique et très documenté, mais le format BD ne convient pas à ce genre de production. Il n’est pas vraiment agréable de lire tant d’informations dans des cases dont l’espace est limité. En outre, il y a beaucoup de redites, ce qui ne contribue pas à la clarté du propos. Mais ce qui m’a surtout déplu est le ton très accusateur du texte, à tel point que l’auteur semble de parti pris. Il ne s’agit nullement de minimiser ni d’oublier le drame humain que fût l’esclavage, mais il est tout à fait vain d’accuser et de juger l’Histoire. Il est facile de s’indigner des erreurs du passé, mais cela revient à ignorer une culture et une façon de penser bien différentes : l’accusation est ici complètement anachronique et elle pourrait prêter à sourire si elle n’était pas si agaçante.

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