Fozzy est un ordinateur surpuissant, la machine la plus perfectionnée qui existe. On lui confie toutes sortes de calculs et de recherches. Dans les années 1970, il a été chargé d’identifier des génies parmi les enfants utilisant les ordinateurs mis à leur disposition. Il en trouve sept, sept enfants que Jimbo Farrar, le programmateur de Fozzy, va suivre discrètement pendant des années. « J’ai créé les Sept. Sans moi, ils n’existeraient pas. Je les ai aimées, et je les aime et je les aimerais toujours. » (p. 326) À l’âge de quinze ans, les Sept se rencontrent et se reconnaissent. Hélas, le soir de leur rencontre, ils sont attaqués. « Ce qui est arrivé à Central Park a scellé l’union des Sept. L’union dans la haine. » (p. 122) Ce cerveau collectif va se venger, d’abord par des crimes bancaires audacieux, puis en versant le sang des personnes qu’ils haïssent le plus. Jimbo Farrar, que les Sept surnomment l’Homme-Montagne, est-il de leur côté ou fera-t-il tout pour les arrêter ?
Ce roman m’a été fortement déconseillé par une collègue. Dans un élan de masochisme aigu, j’ai voulu me faire une idée. Le livre achevé, je me range aux conclusions de ma collègue. Je ne comprends pas les motivations des sept adolescents. Avant de se rencontrer et d’être attaqués à Central Park, ils nourrissent déjà un profond mépris pour le reste de l’humanité. « Il a environ cinq ans et son intelligence anormale est comme ce serpent lové qui attend. » (p. 30) Il est question d’une fureur adolescente qui se tourne soit vers son auteur, soit vers son environnement. Mouais… je n’accroche pas vraiment à cette psychanalyse de comptoir.
Les crimes des Sept sont odieux, cruels et sadiques. Mais ça n’empêche pas l’auteur de faire preuve d’humour potache trois lignes plus loin. Par ailleurs, il abuse des prétéritions : au lieu de saupoudrer le texte d’un suspense de bon aloi, elles désamorcent la tension et font du récit une suite de péripéties forcément attendues en dépit de leur caractère spectaculaire ou atroce. Autre bémol : le style est très inégal : ce qui pourrait être un récit policier ou de science-fiction assez honnête tourne parfois à la farce avec des expressions de ce genre : « Il était tellement ultra-perfectionné […] » (p. 9) Ne dirait-on pas la phrase d’un enfant convaincu que son jouet est meilleur que celui de son copain ?
Quant à la fin du récit… j’ai vu des soufflets retomber moins lamentablement ! Et que dire des incohérences ? Tout au long de l’histoire, on nous répète que Fozzy, le super ordinateur doué de parole, ne répond qu’à la voix de Jimbo : pourquoi et comment peut-il répondre à la voix d’un autre personnage à la dernière page du roman ? Et quel est l’intérêt de lui faire prendre la voix de personnages de cinéma ?
Vous l’aurez compris, je ne recommande pas ce roman qui a pris un sacré coup de vieux en dépit du succès qu’il a connu à sa sortie en 1982. Je n’ai pas passé un mauvais moment, non, parce que j’ai beaucoup ri devant la nullité de ce texte.