Concerto pour 4 mains

Roman de Paul Colize.

Le 18 février 2013, un fourgon chargé de diamants est braqué et dépouillé, le tout en un temps record. « En tout état de cause, le panel d’experts interrogés s’accorda à considérer que ce braquage resterait vraisemblablement dans les annales criminelles comme le casse du siècle. » (p. 14) Qui est à l’origine de ce vol d’une grande précision ? Est-ce Franck Jammet, braqueur de renom, déjà suspecté d’autres affaires retentissantes ? Et quel est le lien avec Akim Bachir, petit escroc sans envergure, arrêté pour un braquage minable ? Alors que Jean Villemont, son avocat passionné d’escalade, travaille à le défendre, il comprend que les affaires sont liées. Avec l’aide de Leila Naciri, une jeune consœur, il creuse le dossier et trouve un réconfort à ses déboires personnels.

Le roman est construit sur des temporalités décalées et qui progressent à des vitesses différentes. D’une part, il y a Jean en 2013 qui travaille sur son affaire jour après jour. D’autre part, il y a Franck à partir des années 1980 et jusqu’en 2013 : on le voit élaborer ses premiers coups, monter son équipe, trouver l’amour. Évidemment, les deux temporalités et les deux personnages finissent par se rejoindre au cours de la narration. Rencontre au sommet entre l’élégant braqueur et le distingué avocat.

Concerto pour 4 mains est un véritable page turner. D’ordinaire, les histoires de braquage m’ennuient considérablement. Paul Colize sait rendre ses personnages intéressants, notamment grâce à l’alternance des points de vue : en laissant son lecteur en haleine le temps de quelques pages, il renforce son attention et son envie de livre le chapitre suivant. Prison, cavale, séparation, planques, on a tout l’attirail des histoires de méchants, avec une touche unique : la musique. Paul Colize connaît la chanson, comme il l’a montré dans Back up. Et on suit son texte comme on lirait une partition impeccablement réglée. Le concerto, c’est entre le lecteur et l’auteur qu’il se joue, avec maestria !

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Rencontre avec Paul Colize, mardi 6 octobre 2015.

Disons-le sans attendre, Paul Colize est un charmant charmeur, un braqueur de lecteurs. Avec quel talent et quelle finesse, il s’empare de l’attention de l’assemblée !

Il dit aimer le jazz, le rock, la musique classique, Jacques Dutronc et bien d’autres. S’il parle de musique dans ses romans (Lisez Back up !!!), c’est parce qu’il veut flatter les cinq sens. Mais Paul Colize est aussi un joueur et il aime monter des casse-têtes pour ses lecteurs. Un roman comme un jeu d’échecs ou comme une partition, ça reste un code à déchiffrer, mais il ne faut pas que le code soit impossible à craquer. Ce que cherche Paul Colize, c’est que son lecteur ait envie d’un autre chapitre avant d’aller se coucher, l’idéal étant qu’il se couche en ayant terminé le livre.

Paul Colize a de l’humour et le sens de la formule. « À quand remonte votre premier braquage ? », demande-t-il à l’assemblée. On entend alors parler de peluches dérobées dans des lits de bébé, de goyaves chourées dans le jardin du presbytère, d’images Panini chipées chez le buraliste ou de cailloux brillants soustraits sur des tombes. Voilà, c’est dit, chacun est un braqueur. « Si vous ne vous êtes pas fait prendre, pourquoi n’avez-vous pas continué ? » Ah, oui, bonne question. Mais peut-être que le lecteur est un braqueur invétéré puisqu’il s’empare sans vergogne des textes et des histoires.

Concerto pour 4 mains se déroule en Belgique. « Je suis contre l’idée d’écrire un roman aux États-Unis. […] Il faut connaître la ville, la mentalité, la façon de parler. » Poser son intrigue dans un lieu connu, c’est profiter d’une zone de confort pour mieux aller explorer des espaces inconnus. Le braquage, par exemple. Paul Colize n’a pas de passé judiciaire. C’est avec l’aide d’un avocat pénaliste – qui a largement prêté ses traits à Jean Villemont – et d’un braqueur repenti – qui a pas mal inspiré Frank Jammet – qu’il a monté ce roman de haute voltige.

Parlons du style. Les fioritures, Paul Colize ne connaît pas. Il vise l’efficacité : il faut faire le plus court et le plus ramassé possible, utiliser des mots qui créent des images pour atteindre une écriture visuelle et chercher la fluidité. On n’est pas loin d’un modus operandi pour monter un braquage…

Il en a dit encore beaucoup, Paul Colize, pendant cet entretien mené par Babelio. Je ne vous dis pas tout, je garde mon butin pour moi.

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