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Roman de Derek Van Arman.

« La plupart des tueurs en série n’ont rien à voir avec les mythes qu’ils ont engendrés. Ils ne vivent pas isolés, au milieu des bois ou au fin fond d’un asile. Ce sont vos propres voisins. » (p. 40)

John Scott est un policier psychologue spécialiste des tueurs dits récréatifs ou désaffectés. À la tête du VICAT, une unité spéciale qui étudie et poursuit ces criminels, il traque l’assassin de Diana Clayton et de ses filles. « Pendant plus de trente ans, des mères sans défense et leurs enfants avaient été piégés par le même prédateur humain, un animal sans âme. » (p. 301) Pendant ce temps, l’inspecteur Frank Rivers, un policier aux méthodes contestables, enquête sur le cadavre découvert sous un bowling par le jeune Elmer. Sur les routes, dans les environs, Gregory Corless et Seymor Blatt se livrent aux pires sévices sur des jeunes filles. « Vous êtes en train de m’expliquer que tuer leur permet de ressentir. » (p. 440) Quant à Jeffery Dorn et Irma Kiernan, ils forment un couple étrange, fondé sur l’aveuglement, le crime et le mensonge. « L’humanité, ça craint ; j’en ai toujours été convaincu. » (p. 257) John Scott et Frank Rivers vont associer leurs talents pour attraper les criminels, leurs affaires se rejoignant et se confondant, révélant des connexions qui remontent loin, jusqu’à la guerre de Sécession, et explorant une Amérique où des villes peuvent disparaître, recouvertes par d’autres et oubliées par l’histoire.

La traque est au cœur de roman : celle de la police qui poursuit les criminels et celle des tueurs qui chassent leurs prochaines victimes avec méthode et froideur. « Quand vous dépouillez un être humain de toute émotion, tout ce qui vous reste, c’est l’intellect, la faculté de raisonner,  sans le contrôle de la conscience. » (p. 444) Entre les explications et les raisonnements, le texte progresse lentement, mais cette lenteur est calculée, savamment dosée afin d’accroître la tension. L’intrigue, bien que remontant sur des décennies, se déroule sur quelques jours où tout se joue en heures.

Le texte est très bien documenté sur les techniques de la police et la nature si particulière des tueurs en série. « Le simple geste de tuer leur faisait plus de bien que le rêve le plus délicieux, plus de bien que des tombereaux d’argent, plus de bien que de posséder la planète entière. Tuer leur donnait la sensation d’être en vie et celle de ne connaître aucune limite, comme s’ils voyageaient dans le temps. » (p. 716) Les analyses psychologiques sont finement distillées dans le roman et renforcent la peur suscitée par les différents criminels.

Près de 1000 pages d’enquête et de peur : moi qui suis si réfractaire aux thrillers, je me suis laissée embarquée par celui-ci sans demander mon reste. Ça demande un estomac assez bien accroché, car certaines scènes sont d’un sordide à la limite du supportable. Ce roman (dont le titre original est bien mal traduit) fait plonger dans un monde où le mal se développe de façon exponentielle. Lisez et vous comprendrez !

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